t au hasard, et
comme malgre moi, la direction que, quelques moments auparavant, j'avais
vu prendre a la _stiratrice_.
La ruelle dans laquelle je m'engageai me conduisit au faubourg qui
forme ravin, du cote des anciennes constructions romaines. Tout cet
escarpement est tres-pittoresque. De vieilles maisons demesurement
hautes, et plongeant a pic dans le precipice, sont assises sur des
masses qui se confondent avec les rochers et qui sont d'enormes blocs
de ruines antiques. Sous la gigantesque vegetation qui les recouvre, on
reconnait des pens de murailles colossales, revetues de _mattoni_, des
escaliers et des portes qui, lies a des fragments entiers d'edifices par
l'indestructible ciment des anciens, sont tombes la sur le flanc ou a la
renverse. Et, pour soutenir tout cet eboulement, qui lui-meme soutient
les constructions modernes, on a fiche, ca et la, de vieilles poutres
qui portent le tout tant bien que mal, jusqu'a ce qu'un de ces petits et
frequents tremblements de terre, dont on ne s'occupe guere ici, acheve
de tout emporter dans la plaine. Il y a de la place en bas; c'est
apparemment tout ce qu'il faut.
Parmi ces decombres, dont plusieurs laissent a nu de profondes
excavations pleines d'eau, les habitants du faubourg ont etabli des
caves, des lavoirs, des celliers et des terrasses. Sur le couronnement
d'une petite tour ruinee, je vis, au milieu du splendide revetement de
mousse qui miroitait sur tout ce tableau au soleil couchant, de grosses
touffes d'iris blancs sortant des fentes du ciment. Quelque chose de
mysterieux m'avertit que c'etait la le jardin de la Daniella, et je
m'imaginai que je devais la trouver elle-meme dans cette maison, on
plutot dans cette tour carree que flanquent, jusqu'a la moitie, deux
restes de tourelles rondes de construction plus ancienne. Cette
habitation est la plus etrange et la plus demesuree du faubourg. Elle
a une porte en arceau qui donne sur la rue basse, et dont la largeur
occupe presque toute la facade d'entree, si toutefois on peut appeler
facade un long tuyau de maconnerie perpendiculaire. Un sale ruisseau
passe sous le seuil et va se perdre, tout a cote, dans un de ces
cloaques antiques qui sont des abimes.
J'entrai d'autant plus aisement que cette ouverture n'avait aucune
espece de porte. Je montai un grand escalier malpropre et use qui me
parut etre le chemin commun a plusieurs des habitations superposees le
long du precipice. Celle-ci presente sur la rue une fac
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