t mise par lui au
[Footnote: Ubi supra. p. 523.] jour. Ce n'est, comme celle d'Arculfe, qu'un
voyage de Terre Sainte a la verite beaucoup plus court que le sien, ecrit
avec moins de pretention, mais qui, a l'exception de quelques details
personnels a l'auteur, ne contient de meme qu'une seche enumeration des
saints lieux: ce qui l'a fait de meme intituler: De locis sanctis.
Cependant la route des deux pelerins fut differente. Arculfe etoit alle
directment en Palestine, et de la il s'etoit embarque une seconde fois pour
voir Alexandrie. Bernard, au contraire, va d'abord debarquer a Alexandrie.
Il remonte le Nil jusqu'a Babylone, redescend a Damiette, et, traversant le
desert sur des chameaux, il se rend par Gaza en Terre Sainte.
La, il fait, comme saint Arculfe, differens pelerinages, mais moins que lui
cependant, soit que sa profession ne lui eut point permis les meme
depenses, soit qu'il ait neglige de les mentionner tous.
Je remarquerai seulement que dans certaines eglises on avoit imagine,
depuis l'eveque, de nouveaux miracles, et qu'elles en citoient dont il ne
parle pas, et dont certainement il eut fait mention s'ils avoient eu lieu
de son temps. Tel etoit celui de l'eglise de Sainte-Marie, ou jamais il ne
pleuvoit, disoit-on, quoiqu'elle fut sans toit. Tel celui auquel les Grecs
ont donne tant de celebrite, et qui, tous les ans, la veille de Paques,
s'operoit dans l'eglise du Saint-Sepulcre, ou un ange descendoit du ciel
pour allumer les cierges: ce qui fournissoit aux chretiens de la ville un
feu nouveau, qui leur etoit communique par le patriarche, et qu'ils
emportoient religieusement chez eux.
Bernard rapporte, sur son passage du desert, une anecdote qui est a
recueillir: c'est que, dans la traversee de cette immense mer de sable, des
marchands paiens et chretiens avoient forme deux hospices, nommes l'un
Albara, l'autre Albacara, ou les voyageurs trouvoient a se pourvoir de tous
les objets dont ils pouvoient avoir besoin pour leur route.
Enfin l'auteur nous fait connoitre un monument forme par Charlemagne dans
Jerusalem en faveur de ceux qui parloient _la langue Romane_, et que les
Francais, et les gens de lettres specialement, n'apprendront pas, sans
beaucoup de plaisir, avoir existe.
Ce prince, la gloire de l'Occident, avoit, par ses conquetes et ses grandes
qualites, attire l'attention d'un homme qui remplissoit egalement l'Orient
de sa renommee: c'etoit le celebre calife Haroun-al-Raschild. Haroun
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