eurs, porteurs de lettres apostoliques, et avoient aupres des
Tartares la meme mission, celle de determiner ce peuple formidable a
s'abstenir de toute guerre et a recevoir le bapteme.
De Carpin cependant avoit, avec la sienne, recu l'ordre particulier et
secret d'examiner attentivement et de recueillir avec soin tout ce qui chez
ce peuple lui paroitroit digne de remarque. Il le fit; et a son retour il
publia une relation, qui est composee dans cet esprit, et qu'en consequence
il a intitulee Gesta Tartarorum. Effectivement il n'y emploie, en details
sur sa route et sur son voyage, qu'un seul chapitre. Les sept autres sont
consacres a decrire tout ce qui concerne les Tartares; sol, climat, moeurs,
usages, conquetes, maniere de combattre, etc. Son ouvrage est imprime dans
la collection d'Hakluyt. J'en ai trouve parmi les manuscrits de la
Bibliotheque nationale (No. 2477, a la page 66) un exemplaire plus complet
que celui de l'edition d'Hakluyt, et qui contient une assez longue preface
de l'auteur, que cette edition n'a pas. Enfin, a l'epoque ou parut ce
Voyage, Vincent de Beauvais l'avoit insere en grande partie dans son
Speculum historiale.
Ce frere Vincent, religieux dominicain, lecteur et predicateur de saint
Louis, avoit ete invite par ce prince a entreprendre differens ouvrages,
qu'en effet il mit au jour, et qui aujourd'hui forment une collection
considerable. De ce nombre est une longue et lourde compilation historique,
sous le titre de Speculum historiale, dans laquelle il a fait entrer et il
a fondu, comme je viens de le dire, la relation de notre voyageur. Pour
rendre celle-ciplus interessante et plus complete, il y a joint, par une
idee assez heureuse, certains details particuliers que lui fournit son
confrere Simon de Saint-Quentin, l'un des associes d'Ascelin dans la
seconde ambassade. Ayant eu occasion de voir Simon a son retour de
Tartarie, il apprit de lui beaucoup de choses qu'il a inserees en plusieurs
endroits de son Miroir et specialement dans le 32'e et dernier livre. La,
avec ce qu'avoit ecrit et publie de Carpin, et ce que Simon lui raconta de
vive voix, il a fait une relation mixte, qu'il a divisee en cinquante
chapitres; et c'est celle que connoissent nos modernes. Bergeron en a donne
une traduction dans son recueil des voyages faits pendant le douzieme
siecle et les trois suivans. Cependant il a cru devoir separer ce qui
concernoit de Carpin d'avec ce qui appartient a Simon, afin d'avoir des
mem
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