it chez les juifs et dans les eglises.
Pour le tirer de cette double mine, il fallait plus qu'un roi, il
fallait un pape.
C'est pourquoi Philippe le Bel, le grand tireur d'or, resolut
d'avoir un pape a lui.
Benoit XI mort, il y avait conclave a Perouse; les cardinaux
francais etaient en majorite au conclave.
Philippe le Bel jeta les yeux sur l'archeveque de Bordeaux,
Bertrand de Got. Il lui donna rendez-vous dans une foret, pres de
Saint-Jean d'Angely.
Bertrand de Got n'avait garde de manquer au rendez-vous.
Le roi et l'archeveque y entendirent la messe, et, au moment de
l'elevation, sur ce Dieu que l'on glorifiait, ils se jurerent un
secret absolu.
Bertrand de Got ignorait encore ce dont il etait question.
La messe entendue:
-- Archeveque, lui dit Philippe le Bel, il est en mon pouvoir de
te faire pape.
Bertrand de Got n'en ecouta pas davantage et se jeta aux pieds du
roi.
-- Que faut-il faire pour cela? demanda-t-il.
-- Me faire six graces que je te demanderai, repondit Philippe le
Bel.
-- C'est a toi de commander et a moi d'obeir, dit le futur pape.
Le serment de servage etait fait.
Le roi releva Bertrand de Got, le baisa sur la bouche et lui dit:
-- Les six graces que je te demande sont les suivantes:
"La premiere, que tu me reconcilies parfaitement avec l'Eglise, et
que tu me fasses pardonner le mefait que j'ai commis a l'egard de
Boniface VIII.
"La seconde, que tu me rendes a moi et aux miens la communion que
la cour de Rome m'a enlevee.
"La troisieme, que tu m'accordes les decimes du clerge, dans mon
royaume, pour cinq ans, afin d'aider aux depenses faites en la
guerre de Flandre.
"La quatrieme, que tu detruises et annules la memoire du pape
Boniface VIII.
"La cinquieme, que tu rendes la dignite de cardinal a messires
Jacopo et Pietro de Colonna.
"Pour la sixieme grace et promesse, je me reserve de t'en parler
en temps et lieu."
Bertrand de Got jura pour les promesses et graces connues, et pour
la promesse et grace inconnue.
Cette derniere, que le roi n'avait ose dire a la suite des autres,
c'etait la destruction des Templiers.
Outre la promesse et le serment faits sur le _Corpus Dominici_,
Bertrand de Got donna pour otages son frere et deux de ses
neveux.
Le roi jura, de son cote, qu'il le ferait elire pape.
Cette scene, se passant dans le carrefour d'une foret, au milieu
des tenebres, ressemblait bien plus a une evocation entre un
magicien et u
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