eur insurmontable, avec quel plaisir elle eut offert
elle-meme un morceau de sucre a la souris blanche, et eut vu cette
charmante petite bete se poser sur sa main, sur ses bras, sur sa tete,
obeir a ses ordres!
Ce qui surtout piquait sa curiosite, c'etait de savoir quelle pouvait
etre l'inscription gravee sur son collier d'argent; mais les lettres
en etaient si petites, et les mouvements de Zizi si prompts et si
frequents, qu'il etait impossible de distinguer la moindre chose. Enfin,
apres avoir hesite longtemps a s'approcher de la souris blanche,
Laure s'habitua par degres a ses bonds frequents, a ses gambades, aux
differents exercices qu'on lui avait appris: peu a peu elle la vit sans
effroi roder autour d'elle; et, un soir que, ravie de voir la souris
faire la morte, elle laissa malgre elle echapper ces mots: "Zizi!...
Zizi!" elle la sentit tout-a-coup monter sur ses genoux, sur sa tete,
redescendre sur son epaule, s'y poser, s'y nettoyer le museau avec ses
pattes de devant, puis venir sur sa main y prendre le petit morceau de
sucre accoutume. Ce fut alors que la peureuse, plus d'a moitie guerie,
put lire l'inscription gravee sur le collier de la souris, et qui
portait ces mots: "J'appartiens a Laure."
--Oui, s'ecria celle-ci avec une joie involontaire, je sens deja que tu
me plairas autant que d'abord tu m'avais fait de frayeur. Comment ai-je
pu me montrer assez sotte pour trembler, palir et frissonner de tout
mon corps a l'aspect de petits animaux si timides d'eux-memes, et qui
pourtant, malgre leur petitesse, ne craignent pas de nous approcher, de
se fier a nous?... O ma chere Zizi! ajouta-t-elle en la caressant pour
la premiere fois, tu m'as guerie a jamais de la fausse idee que je
m'etais faite des animaux de ton espece, et d'autres bien plus petits
encore dont j'avais la faiblesse de m'effrayer. Je vois que notre
imagination nous aveugle souvent, et nous fait voir des dangers la ou il
ne s'en trouve aucun; je vois que les insectes les plus hideux, et meme
les animaux dont l'atteinte est venimeuse, ne nous feraient jamais le
moindre mal si nous ne les excitions pas, soit par nos cris, soit par
nos menaces, a exercer sur nous une legitime vengeance.
Madame de Melval, enchantee d'avoir detruit dans sa fille un ridicule
qu'elle eut conserve toute sa vie, et qui, sans aucun doute, eut nui a
son repos et a son bonheur, lui confia qu'elle s'etait adressee a l'un
de ces habiles oiseleurs de Paris, connus pour avoi
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