appartement
d'Octavie, a renouveler les rubans d'un chapeau, a changer de forme la
garniture d'une robe, a reparer la dechirure d'une pointe de blonde.
Celle-ci, qui jamais n'avait manie l'aiguille, ignorant meme comment
on faisait une seule reprise, le simple ourlet d'un mouchoir, etait
mollement etendue sur un canape, comme un automate qui attend, pour
remuer, qu'on monte le ressort dont il recoit le mouvement.
C'etait, en un mot, une indolente pour laquelle il fallait, pour ainsi
dire, preparer l'air qu'elle allait respirer, et dont la monotone
existence etait par cela meme a la discretion de toutes les personnes
qui l'entouraient. Aussi ne se passait-il pas de jour qu'elle n'eprouvat
mille contrarietes: tantot une femme de chambre inhabile lui avait passe
sa robe de matin dont la garniture bridait par devant: ce qui produisait
un effet detestable et cachait le plus joli pied du monde; mais
l'adroite et bonne Fanni calmait bientot ce mouvement d'humeur; et, au
moyen de plusieurs points d'aiguille prompts comme l'eclair, tout etait
repare. Tantot c'etait le coiffeur qui avait oublie Octavie, invitee a
un dejeuner delicieux ou devaient se reunir les jeunes personnes les
plus elegantes: impossible de se presenter devant elles sans etre
coiffee a la derniere mode.... La complaisante Fanni s'emparait aussitot
des beaux cheveux de sa cousine, et en moins d'un quart d'heure l'habile
coiffeur etait remplace. Tantot enfin c'etait un chapeau d'un genre
exquis qu'Octavie avait commande pour une promenade en caleche; mais, o
surprise! o douleur! ce chapeau se trouve etre d'une forme trop basse,
les rubans bouillonnent mal; les fleurs sont posees horriblement; et il
faut partir dans une heure! O maudite marchande de modes! si jamais on
achete chez vous la moindre chose! Mais heureusement Fanni entre en ce
moment chez sa cousine; et, toujours bonne, attentive, elle prend le
chapeau, juste cause d'un si grand desespoir, et lui donne une ferme
nouvelle qui sied a ravir a la figure d'Octavie, et lui procure
l'inexprimable jouissance d'aller se montrer aux boulevards si
frequentes dont la ville est entouree.
Tant d'adresse, tant de services rendus par Fanni, toujours en riant et
sans la moindre pretention, penetrerent Octavie d'une reconnaissance et
d'une admiration qui lui firent naitre le desir de pouvoir imiter sa
cousine. Elle ne put s'empecher, malgre son indolence insurmontable,
d'envier cette precieuse activite que souvent e
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