'adresse et le bonheur de son aimable cousine.
On passe a l'appartement de madame Darmont, incapable de rien preparer
pour sa toilette. Fanni, tout en remplissant aupres de sa tante les
devoirs les plus empresses, lui raconte l'heureuse inspiration qu'elle
avait eue d'emprunter a la jeune mariee de quoi reparer l'accident de la
cassette. "Mais moi, dit Octavie, sous quels vetements vais-je paraitre
a la benediction nuptiale?--J'ai place dans la bache, lui repond sa
tante, deux robes de percale, brodees simplement: si l'une des deux
peut te convenir, chere amie....--Mais, ma tante, le corsage nous
contiendrait ma cousine et moi.--Laisse-moi faire, dit Fanni: au moyen
de trois ou quatre fortes pinces qui seront cachees sous le cachemire
long de ta mere, et de deux bons remplis par le bas, nous sauverons les
apparences."
Ce parti etait le seul proposable en cet instant, il fallut bien s'y
arreter. Fanni, l'infatigable Fanni, apres avoir aide sa tante a faire
une riche toilette, et Octavie a cacher, le mieux possible, le ridicule
de la sienne, alla se revetir de la robe qu'elle avait faite, et se
rendit avec sa mere au salon, ou deja se trouvaient reunies toutes les
dames des environs, surchargees de parures. Madame Darmont eblouit par
la richesse de sa robe moderne et par l'eclat de ses diamants. Fanni
reunit tous les suffrages. Octavie parut gauche et maussade. Empaquetee
dans le cachemire de sa mere, elle n'osait faire un seul mouvement, dans
la crainte de decouvrir son risible corsage. Elle ne cessa donc d'etre
l'objet de critiques les plus ameres. "Quel maintien roide et guinde!
disait la femme du sous-prefet: c'est une poupee qui ne remue qu'au
moyen de quelque ressort cache.--Ne voyez-vous pas, ajoutait la femme du
maire, qu'il y a defaut de taille, et qu'on voudrait le derober a
nos regards; mais on y voit clair a la campagne tout aussi bien qu'a
Tours...." Octavie etait au supplice; deja meme elle se proposait de
pretexter une indisposition et de remonter a son appartement, lorsqu'un
jeune garcon de noce vint lui offrir la main pour la conduire a l'eglise
avec tout le cortege. La, nouveaux sarcasmes, nouveaux caquets.
"Entends-tu, disait Octavie a Fanni, comme on me traite? Oh! que tu es
heureuse de pouvoir te suffire a toi-meme!--Prends courage, ma pauvre
cousine; il me vient une idee qui pourra te rendre tous tes avantages et
te venger des plus injustes preventions."
En effet, au retour de l'eglise, Fanni ch
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