etentions que celles des grandes
cites; il eut fallu se conformer a leur routine, et se voir affubler a
la mode du pays: cette idee etait insupportable.... Enfin la pendule du
salon sonna minuit, et, la fatigue du voyage faisant eprouver le besoin
de repos, on remit au lendemain matin a prendre le parti qui paraitrait
le plus convenable. Madame Darmont se retira avec sa chere Octavie dans
l'appartement qu'on leur avait prepare; leur indolence accoutumee leur
fit braver la contrariete qu'elles eprouvaient, et qu'un profond sommeil
eloigna bientot de leur pensee. Octavie s'endormit la premiere, en
repetant ces mots a plusieurs reprises: "Deux si jolies robes ... o mes
chers volubilis! je vous ... je vous regretterai longtemps."
Madame du Cange et Fanni furent logees dans un appartement compose de
deux chambres contigues, formant le premier etage d'un pavillon separe
de la grande habitation. La modeste mere n'avait rien a regretter pour
elle-meme; elle s'abandonna promptement a un sommeil profond. Il n'en
fut pas de meme de Fanni. Les ressources que l'on ressent en soi-meme
raniment le courage, eveillent l'imagination. Elle descend donc avec
precaution, et s'adressant a une ancienne femme de chambre qui avait
eleve la mariee, et qu'elle rencontre fort heureusement dans un
corridor, elle lui demande s'il n'y aurait pas dans la corbeille de sa
cousine Estelle quelques pieces de gaze ou de linon, des rubans
blancs et des fleurs artificielles. L'excellente bonne, aussi vive
qu'intelligente, repond que sa jeune maitresse a recu un trousseau
considerable, ou se trouvent en abondance tous les objets que desire
Mademoiselle. "Ah! repond Fanni en se jetant a son cou, si vous etiez
assez bonne pour me seconder, je pourrais reparer la perte que j'ai
faite.--De tout mon coeur, ma charmante demoiselle; vous me paraissez si
adroite, si au fait de tout!... Je suis a vous a l'instant." Elle sort a
ces mots, et rejoint bientot Fanni dans son appartement. Celle-ci, tout
en portant les yeux vers la chambre ou reposait sa mere, quitte son
chapeau, sa robe de voyage et sa colerette, releve a la hate ses cheveux
noirs sur le sommet de sa tete, et se dispose a mettre a profit son
savoir-faire. La vielle femme de chambre arrive, portant un grand carton
qui contenait justement une piece de mousseline-gaze et plusieurs
garnitures de fleurs artificielles, parmi lesquelles se trouvaient
heureusement des roses printanieres. On approche avec precaution
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