re. Madame de Melval s'occupa, de son cote, a corriger sa fille de
ses frayeurs ridicules, a lui donner cette reflexion si utile sur tout
ce qui nous frappe, cette force de caractere sans laquelle nous nous
aveuglons sur ce qui peut en effet nous etre nuisible, et qui nous met
au-dessus de ces craintes pueriles.
Un jour que Laure vint, selon son usage, offrir a sa mere le bonjour du
matin, elle apercut une souris qui courait ca et la dans l'appartement.
Un cri de frayeur lui echappe; mais quelle fut sa surprise de voir cette
souris grimper sur les genoux de madame de Melval, de la monter sur ses
epaules, sur sa tete, et redescendre avec la vivacite de l'eclair, et se
cacher sous sa collerette! Elle avait remarque que cette souris etait
blanche, qu'elle avait des yeux roses, et portait au cou un petit
collier d'argent sur lequel etait gravee une inscription. Ce qui
surtout confondit la jeune peureuse, ce fut d'entendre sa mere appeler:
"Zizi!... Zizi!..." et aussitot la charmante petite bete, sortant de
l'endroit ou elle s'etait refugiee, venait se poser sur la main de sa
maitresse, dans l'attitude la plus familiere et en meme temps la plus
gracieuse, faisait mille gambades pour gagner un petit morceau de sucre
que celle-ci lui presentait au bout de ses doigts, et que Zizi prenait
avec une precaution tout-a-fait remarquable. Ce ne fut pas seulement
a tout cela que la souris blanche borna son manege accoutume; Laure,
stupefaite, attentive, la vit tour a tour, au commandement de sa mere,
faire la morte, se reveiller tout-a-coup, et, se redressant sur ses deux
pattes de derriere, saisir avec celles de devant un joli petit balai,
avec lequel elle nettoyait, de la maniere la plus adroite et en meme
temps la plus comique, la poussiere qui se trouvait sur les vetements de
sa maitresse. De la elle remontait sur la tete de celle-ci, passait et
repassait comme un leger zephir dans les boucles de cheveux formees sur
son front; elle caressait ensuite avec sa queue le dessous du menton de
madame de Melval, souriant a cet etrange manege, et venait se poser sur
une de ces epaules, ou elle semblait attendre ses ordres. "Quoi! s'ecria
Laure involontairement, ces petits animaux que je trouvais si vilains,
et dont j'avais tant de frayeur, seraient susceptibles d'etre aussi bien
apprivoises?..." A ces mots, elle avancait, en tremblant encore, la main
vers Zizi, et la retirait aussitot avec crainte. Oh! si elle n'eut pas
ete retenue par sa p
|