leur restait que la ressource d'un coup
de main, qui, avons-nous dit, etait presque impossible. Le comite de salut
public resolut de prevenir tout mouvement de leur part, en faisant arreter
les principaux chefs, et en les envoyant sur-le-champ au tribunal
revolutionnaire. Il enjoignit a Fouquier de rechercher les faits dont on
pourrait composer une conspiration, et de preparer tout de suite un acte
d'accusation. Saint-Just fut charge en meme temps de faire un rapport a la
convention, contre les factions reunies qui menacaient la tranquillite de
l'etat.
Le 23 ventose (13 mars), Saint-Just presente son rapport. Suivant le
systeme adopte, il montre toujours l'etranger faisant agir deux factions;
l'une composee d'hommes seditieux, incendiaires, pillards, diffamateurs,
athees, qui voulaient amener le bouleversement de la republique par
l'exageration; l'autre, composee de corrompus, d'agioteurs, de
concussionnaires, qui, s'etant laisse seduire par l'appat des jouissances,
voulaient enerver la republique et la deshonorer. Il dit que l'une de ces
deux factions avait pris l'initiative, qu'elle avait essaye de lever
l'etendard de la revolte, mais qu'elle allait etre arretee, et qu'il venait
en consequence demander un decret de mort contre tous ceux, en general, qui
avaient medite la subversion des pouvoirs, machine la corruption de
l'esprit public et des moeurs republicaines, entrave l'arrivage des
subsistances, et contribue de quelque maniere au plan ourdi par l'etranger.
Saint-Just ajoute ensuite que, des cet instant, il fallait METTRE A L'ORDRE
DU JOUR, LA JUSTICE, LA PROBITE, ET TOUTES LES VERTUS REPUBLICAINES.
Dans ce rapport, ecrit avec une violence fanatique, toutes les factions
etaient egalement menacees; mais il n'y avait de clairement devoues aux
coups du tribunal revolutionnaire que les conspirateurs
ultra-revolutionnaires, tels que Ronsin, Vincent, Hebert, etc., et les
corrompus Chabot, Bazire, Fabre, Julien, fabricateurs du faux decret. Une
sinistre reticence etait gardee envers ceux que Saint-Just appelait les
_indulgens_ et les _moderes_.
Dans la soiree du meme jour, Robespierre se rend aux jacobins avec Couthon,
et ils sont tous les deux couverts d'applaudissemens. On les entoure, on
les felicite du retablissement de leur sante, et on promet a Robespierre un
devouement sans bornes. Il demande pour le lendemain une seance
extraordinaire, afin d'eclaircir le mystere de la conspiration decouverte.
La seance est
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