nheur, c'est qu'a peine arrive, je
rencontrai dans la Princesse Anemone tout ce qu'on peut imaginer de
beaute, de charmes, d'appas, d'attraits, d'agremens, de perfections,
et beaucoup au dela. Apres tous les preliminaires qui sont
absolument necessaires en ce pays-ci, j'eus le bonheur de lui plaire
et d'en etre aime. Il ne s'agissoit plus que de nous unir par des
noeuds eternels; mais cette ceremonie exige ici des formalites d'une
longueur infinie, et je n'ai pu obtenir dispense d'aucune. Il seroit
trop long de vous les raconter, et pour peu que vous sejourniez dans
le pays, vous les connoitrez assez, parce qu'elles se ressemblent
toutes. Enfin je viens dessuyer la derniere epreuve. Il etoit ecrit
dans la suite de mes avantures, qu'un rival jaloux de mon bonheur
trouveroit moyen par le secours d'un enchanteur, de m'endormir d'un
profond sommeil, et qu'il en profiteroit pour enlever la belle
Anemone: que je continuerois de dormir pendant un an, sans pouvoir
etre reveille que par le Prince Fan-Feredin, a qui il etoit reserve
de me desenchanter: que trois jours apres mon reveil la belle
Anemone delivree de son odieux ravisseur, qui devoit perir,
reparoitroit a mes yeux plus belle et plus aimable que jamais, sans
avoir rien perdu entre des mains si suspectes de tout ce qui peut me
la rendre chere; que je ne laisserois pourtant pas d'avoir quelques
soupcons, que les soupcons seroient suivis d'une broueillerie, la
broueillerie d'un eclaircissement, et l'eclaircissement d'un
raccommodement, apres lequel aucun obstacle ne s'opposeroit plus a
mon bonheur. Je suis donc sur de revoir dans trois jours ma belle
princesse. Nous partirons aussi-tot pour la Dondindandie, et c'est a
vous prince que j'ai de si grandes obligations.
Je fus extremement satisfait du recit du Prince Zazaraph, et d'avoir
trouve quelqu'un qui put me donner les instructions dont j'avois
necessairement besoin dans un pays inconnu. Apres lui avoir temoigne
combien j'etois charme d'avoir eu occasion de lui rendre service, et
lui avoir explique comment le desir de voir de belles choses m'avoit
amene dans la romancie, je lui laissai entrevoir l'embarras ou
j'etois, de trouver quelqu'un qui voulut bien prendre la peine de me
servir de guide, et de m'eclaircir sur ce que je pouvois ignorer
dans un pays, dont je n'avois nulle autre connoissance que celle que
donnent les livres. Croyez-vous, me dit-il obligeamment, qu'apres le
service que vous venez de me rendre, je pu
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