vin, pendant que l'on installe le canon sur la
cote, opposee. Plusieurs detonations retentissent a la fois du cote des
Sauvages; mais pas un homme ne bronche, pas une seule balle n'avait
atteint son but. Les volontaires, en ce moment, descendent la cote au
pas de charge et, malgre la terrible solennite du moment, trouvent
encore un bon mot pour egayer les moins philosophes le long de la route.
En effet le spectacle est imposant! Cent jeunes soldats, la fleur de la
jeunesse montrealaise, se precipitant de coeur joie au milieu des balles
ennemies, qu'une main divine peut seule faire devier de leur route;
derriere chaque compagnie, le capitaine devenu serieux, comprenant toute
l'importance de sa charge, toute la responsabilite que lui impose sa
position; un peu plus loin, le reverend aumonier, revetu du surplis
blanc, la sainte etole au cou et pret a administrer les derniers
sacrements de la sainte Eglise. Le reverend Pere attend avec calme
l'heure de remplir son devoir et jette de tous cotes un regard inquiet.
Tout a coup, au milieu de la fumee, il distingue le brave Lemay qui
tombe frappe a la poitrine. En un clin d'oeil il est aupres de lui ainsi
que l'ambulancier Marc Prieur. On releve le malheureux blesse et le
pretre lui donne les saintes huiles. Puis on le transporte dans la
voiture d'ambulance. Le chirurgien-major est deja pres de lui et lui
donne ses soins. On fend la chemise de Lemay et, au premier coup d'oeil,
la blessure parait mortelle. La balle a passe si pres du coeur qu'au
premier abord on a quelques doutes sur la possibilite d'une guerison.
L'hemorragie se produit et bientot toute la figure et les habits de
Lemay sont couverts du sang qui lui sort par la bouche. On a a peine
donne les soins a Lemay, qu'un autre ambulancier, aide du general
Strange en personne, apporte Marcotte et le depose a cote de Lemay dans
le waggon d'ambulance. La plaie n'est pas si dangereuse que celle de
Lemay, la balle ayant frappe Marcotte a l'epaule. Le premier coup de feu
fut tire a ou vers six heures et demie du matin et vers neuf heures et
demie la fusillade avait cesse.
Voyant que l'ennemi etait de beaucoup superieur en nombre et que sa
position etait imprenable, le general ordonna la retraite qui se fit
dans le plus grand ordre. Dans toute cette affaire le 65e n'a pas ete
menage; en se rendant au combat il etait a l'avant-garde et dans la
retraite il formait l'arriere-garde. Vers midi le 65e s'arrete sur une
hauteur, ou il
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