e courage d'accepter." Aussitot Vouland court a la tribune, et
propose de nommer le representant Barras pour diriger la force armee. La
convention accepte la proposition, nomme Barras, et lui adjoint sept autres
deputes, pour commander sous ses ordres, Freron, Ferrand, Rovere, Delmas,
Bolleti, Leonard Bourdon, et Bourdon (de l'Oise). A cette proposition, un
membre de l'assemblee en ajoute une autre, qui n'est pas moins importante,
c'est de choisir des representans pour aller eclairer les sections, et leur
demander le secours de leurs bataillons. Cette derniere mesure etait la
plus necessaire, car il etait urgent de decider les sections incertaines ou
trompees.
Barras court vers les bataillons deja reunis, pour leur signifier ses
pouvoirs, et les distribuer autour de la convention. Les deputes envoyes
aux sections s'y rendent pour les haranguer. Dans ce moment, la plupart
etaient incertaines; tres peu tenaient pour la commune et pour Robespierre.
Chacun avait horreur de ce systeme atroce qu'on imputait a Robespierre, et
desirait un evenement qui en delivrat la France. Cependant la crainte
paralysait encore tous les citoyens. On n'osait pas se decider. La commune,
a laquelle les sections etaient habituees a obeir, les avait mandees, et
quelques-unes, n'osant resister, avaient envoye des commissaires, non pas
pour adherer au projet de l'insurrection, mais pour s'instruire des
evenemens. Paris etait dans l'incertitude et l'anxiete. Les parens des
prisonniers, leurs amis, tous ceux qui souffraient de ce regime cruel,
sortaient de leurs maisons, s'approchaient de rue en rue vers les lieux ou
regnait le bruit, et tachaient de recueillir quelques nouvelles. Les
malheureux detenus ayant apercu de leurs fenetres grillees beaucoup de
mouvement, et entendu beaucoup de rumeur, se doutaient de quelque chose,
mais ils tremblaient encore que ce nouvel evenement n'aggravat leur sort.
Cependant la tristesse des geoliers, des mots dits a l'oreille des faiseurs
de listes, la consternation qui s'en etait suivie, avaient un peu dissipe
les doutes. Bientot on avait su par des mots echappes que Robespierre etait
en peril; des parens etaient venus se placer sous les fenetres des prisons,
et indiquer par des signes ce qui se passait; alors les prisonniers se
reunissant avaient laisse eclater l'allegresse la plus vive. Les infames
delateurs tremblans avaient pris quelques-uns des suspects a part,
s'etaient efforces de se justifier, et de persuader
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