uite d'une critique libre et sans ambages, et au lieu de la
scission, invariablement prophetisee par nos adversaires, il y eut union
plus etroite encore. Le cas "bavarois" qui devait conduire a la ruine du
parti, ou du moins a l'irremediable rupture entre les chefs de Berlin et
les rebelles de l'Allemagne du Sud, fut si bien aplani, grace au tact et
au bon sens de la majorite, que pas la moindre amertume n'a subsiste
d'un cote ni de l'autre."
Un tel optimisme surpasse l'imagination la plus fantasque. Et si jamais
le "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes" a ete illustre,
ce fut par le vieux Liebknecht.
Parmi d'autres choses, la question agraire fut mise en discussion au
congres. Ici, l'attitude de Vollmar et de Schonlank fut d'un
opportunisme tel qu'ils jeterent par dessus bord le principe socialiste,
dans l'interet de la propagande "pratique". Homoeopathiquement, on
n'administre que par doses infimes le socialisme aux paysans. On a peur
de les tuer par une ingurgitation trop copieuse. Et ce qui frappe le
plus le lecteur attentif du compte rendu, c'est qu'on ne s'adresse pas,
pour les mediquer, aux paysans-ouvriers qui, eux, ne possedent pas un
pouce de terrain, mais ... aux petits proprietaires!
Avec une indiscutable logique la _Frankfurter Zeitung_ a pu dire a ce
sujet: "Quelques phrases mises a part, tout parti radical-bourgeois peut
arriver aux memes conclusions." Dans la _Reforme_, M. Lorand s'exprime a
peu pres identiquement.
Vollmar ne manqua pas de ramasser le gant. Il parle du "pronunciamiento"
de Bebel et s'ecrie: "Les temps presents nous offrent un etrange
spectacle. En face des ennemis marchant sur nous en rangs serres et
prets a nous attaquer, nous voyons un de nos chefs se lever et lancer le
brandon de discorde, _non parmi_ les adversaires, mais dans nos propres
rangs."
Un des veterans du parti, le depute Grillenberger, se mela a la dispute
en se rangeant dans la presse, comme a Erfurt, du cote de Vollmar. Cette
polemique trahit l'amertume et l'irritation que dans les deux camps on
ressent. Vollmar dit "que les motifs de l'attitude de Bebel doivent etre
cherches dans son amour-propre blesse et dans son manque de sens
critique et de sang-froid, qui lui ont fait placer--lui, le chef d'un
parti democratique--sa propre personnalite au-dessus des interets les
plus tangibles du parti, a la honte et au detriment de la
social-democratie et pour le plus grand bien et la joie des
adversaires"
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