etaient presens, lui preterent serment de fidelite, ainsi qu'a la reine
sa mere, pour le temps que sa regence durerait.
Des le lendemain, la reine partit pour ramener le roi a Paris; elle
souhaita qu'il n'y eut aucunes marques de rejouissances, comme il n'y en
avait point eu a Reims: car, quelque satisfaction qu'elle eut de voir
regner son fils, rien n'effacait de son coeur le regret dont elle etait
penetree de la perte qu'elle venait de faire. D'ailleurs l'affliction
etait si generale, que les grands et le peuple n'eurent pas de peine a
suspendre les mouvemens de leur joie, et la sagesse de la regente ne lui
permettait pas de perdre en vains amusemens un temps dont elle avait
besoin pour arreter et eteindre les factions qui se formaient dans
l'etat.
_Caractere de la regente_.
Blanche de Castille etait une princesse dont la prudence, la presence
d'esprit, l'activite, la fermete, le courage et la sage politique,
rendront a jamais la memoire chere et respectable aux Francais. Elle
s'appliqua uniquement a dissiper les orages qui se formaient contre
l'etat: elle n'eut d'autres vues que de conserver a son fils les
serviteurs qui lui etaient restes fideles, de lui en acquerir de
nouveaux, et de prevenir les dangereux desseins de ses ennemis. Les
seigneurs de la cour se ressentirent de ses bienfaits, et tout le monde
de ses manieres obligeantes et naturelles qu'elle employait pour gagner
les coeurs qui y etaient d'autant plus sensibles, qu'elle accompagnait
ses graces du plus parfait discernement.
Comme le comte de Boulogne etait un des plus puissans seigneurs de
l'etat, et celui dont le roi pouvait attendre plus de secours ou
de traverses, elle n'oublia rien pour le mettre dans ses interets.
Philippe-Auguste lui avait donne le comte de Mortain; mais Louis VIII
s'en etait reserve le chateau, en confirmant ce don. Blanche commenca
par le lui remettre, et lui rendit en meme temps le chateau de
l'Isle-Bonne, que le feu roi s'etait pareillement reserve; et, dans la
suite, elle lui ceda encore l'hommage du comte de Saint-Pol, comme une
dependance de celui de Boulogne.
La reine Blanche traita avec la meme generosite Ferrand, comte de
Flandre. Philippe-Auguste l'avait fait prisonnier a la bataille de
Bouvines, et n'avait pas voulu lui rendre sa liberte, a moins qu'il
ne payat une rancon de cinquante mille livres, somme alors
tres-considerable, et qu'il ne donnat pour surete Lille, Douai et
l'Ecluse. La regente, de l'avis
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