services pour soutenir son droit, s'il voulait le faire valoir.
Le comte Philippe avait epouse Mathilde, fille du vieux comte de
Boulogne, qui avait ete fait et reste prisonnier de Philippe-Auguste,
depuis la bataille de Bouvines; et le gendre, pendant la prison de son
beau-pere, avait ete investi de tous les biens du comte. C'etait sans
doute ce qui avait tenu jusqu'alors le gendre attache aux interets du
roi et de la regente: car, si le vieux comte de Boulogne etait sorti
de prison en meme temps que le comte de Flandre, il aurait pu causer
beaucoup d'embarras a Philippe son gendre, et il est vraisemblable que
c'etait cette raison qui avait empeche la regente, apres la mort du roi
son epoux, de donner la liberte au vieux comte de Boulogne. Celui-ci en
mourut de chagrin, ou de desespoir, car le bruit courut qu'il s'etait
donne la mort. Philippe, apres cet evenement, n'ayant plus le motif
qui lui avait jusqu'alors fait menager la regente, se trouva dispose
a ecouter les mauvais conseils qu'on lui donnait pour s'emparer de la
regence.
Il concerta avec plusieurs seigneurs le projet de se saisir de la
personne du roi, qui se trouvait dans l'Orleanais. Ils avaient resolu
d'executer ce complot sur le chemin d'Orleans a Paris, lorsque le roi
retournerait dans sa capitale. Ce prince, en ayant ete averti par le
comte de Champagne, se refugia a Montlhery, d'ou il fit sur-le-champ
avertir la reine sa mere, et les habitans de Paris. Blanche en fit
partir promptement tous ceux qui etaient capables de porter les armes,
et tout le chemin, depuis Paris jusqu'a Montlhery, fut aussitot occupe
par une nombreuse armee et une foule incroyable de peuple, au milieu de
laquelle le roi passa comme entre deux haies de ses gardes. Ce n'etait
qu'acclamations redoublees, et que benedictions, qui ne cesserent point
jusqu'a Paris. Le sire de Joinville rapporte que le roi se faisait
toujours un plaisir de se souvenir et de parler de cette journee, qui
lui avait fait connaitre l'amour que ses peuples lui portaient. Les
seigneurs conjures qui s'etaient rendus a Corbeil pour l'execution de
leur dessein, voyant leur coup manque, firent bonne contenance, et,
traitant de terreur panique la precaution que le roi avait prise, ils
se retirerent pour former un nouveau projet de revolte, qui n'eclata
cependant que l'annee suivante.
Ce fut pendant la tranquillite que procura dans le royaume
l'accommodement avec les seigneurs mecontens, dont je viens de
par
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