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ans. Le printemps se fait au
milieu de ces tempetes comme si de rien n'etait. Les solides pins d'Alep
au parasol majestueux et les lieges rugueux tendent le dos et ne rompent
pas; les plantes a feuilles persistantes s'en moquent egalement et
l'olivier n'en est ni plus ni moins pale. Parmi ces insensibles, les
vraies plantes printanieres commencent a sourire. Les tamarix et les
lentisques en boutons, les anemones lilas et pourpre jonchent la terre;
et les orchys fleurissent a l'ombre.
J'ai trouve dans un bois voisin _l'epipactis cephalante,_ qui n'est pas
de nos pays et qui, je crois, est assez rare partout.
C'est une orchidee blanc de neige, avec une tache doree sur le _labile_
tres jolie plante, elegante. J'ai ete voir a Saint-Mandrier, qui est un
hospice de marine avec un beau jardin botanique, des palmiers et autres
exotiques tres grands, des bosquets de poivriers couverts de leurs
jolies graines rouges, et des _sterculies_ dont l'odeur, exprimee par le
nom, n'est pas precisement celle de la rose.
Tout cela est en dehors de mon recit sur le docteur Germain. Pour en
revenir a lui, Maurice, qui se flattait de voir ses riches collections
d'histoire naturelle, a eu le desappointement d'apprendre qu'elles
n'existaient que sur le prospectus; mais le personnage lui a paru tout
de meme un savant serieux et un homme de grande valeur. Je compte
certainement, le mois prochain, l'aller voir, lui et son chateau moyen
age, dont Maurice m'a apporte de sa part plusieurs photographies. Cela
s'arrange d'autant mieux que ledit docteur est en ce moment en route
pour la Nievre, ou il passera huit ou dix jours. Il est possible qu'une
autre annee, connaissant ce bon gite de Saint-Pierre, j'aille y frapper
pour la saison.
J'ai beaucoup travaille au _lessivage_ de _Valvedre_ depuis que je suis
ici. Je touche a la fin de ce gros travail.
Bonsoir, cher vieux; voila encore une longue causerie; mais je finis
brusquement faute de papier. Tendresses a vous tous et grandes amities
d'ici.
G. SAND.
CDLXXIII
A MADAME PAULINE VILLOT, A PARIS
Tamaris, 28 mars 1861.
Chere cousine,
Vous aurez recu deja une lettre de Lucien[1] qui a, par un heureux
hasard, vu tout de suite a Toulon, ou il se trouvait hier avec Maurice
et Boucoiran (un de mes plus anciens et meilleurs amis), l'article du
_Moniteur_ concernant son pere. Ils m'ont apporte cette bonne nouvelle;
le brave enfant etait ravi et c'a e
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