es cigarettes
qu'ils avaient vues sur la cheminee, et de fumer quand ils seraient
seuls; leurs parents leur avaient expressement defendu de fumer, mais
ils n'avaient pas l'habitude de l'obeissance, et ils firent en sorte
qu'on ne s'apercut pas de leur absence.
XIII
INCENDIE ET MALHEUR
M. de Guilbert proposa une promenade en bateau; on devait traverser
l'etang, qui tournait comme une riviere et qui avait un kilometre de
long; on devait descendre sur l'autre rive, et assister a une danse
a l'occasion de la noce d'une fille de ferme de M. de Guilbert. On
s'embarqua en deux bateaux; on recommanda aux enfants de ne pas bouger;
les messieurs se mirent a ramer. M. de Nance avait place Francois
pres de lui, et Christine s'etait mise entre Francois et sa cousine
Gabrielle. Quand on debarqua, la noce etait tres en train; on dansait,
on chantait; on avait l'air de beaucoup s'amuser; les danseurs
accoururent aussitot pour inviter Mlles de Guilbert, Gabrielle et
Christine; Bernard engagea a danser une des petites filles de la
noce; les mamans, les papas danserent aussi; au milieu de l'animation
generale, personne ne s'apercut de l'absence de Maurice et d'Adolphe; a
neuf heures, M. de Nance parla de depart.
--Mais il n'est pas tard, dit Mme des Ormes.
M. DE NANCE
--Il est neuf heures, Madame, et, pour nos enfants, je crois qu'il est
temps de terminer cette agreable soiree.
MADAME DES ORMES
--C'est ennuyeux, les enfants! Ils gatent tout! Ils empechent! Ne
trouvez-voua pas?
M. DE NANCE
--Je trouve, Madame, qu'ils rendent la vie douce, bonne, interessante,
heureuse enfin; et, s'ils empechent de gouter quelques plaisirs
frivoles, ils donnent le bonheur. Le plaisir passe, le bonheur reste.
MADAME DES ORMES
--C'est egal, on est bien plus a l'aise pour s'amuser sans enfants.
Le jour baissait, et M. de Guibert avait fait allumer les lanternes du
bateau, qui faisaient un effet charmant; elles etaient en verres de
differentes couleurs, et formaient lustres aux deux bouts du bateau.
Toute la societe du chateau se rembarqua et on s'eloigna. M. et Mme de
Sibran s'apercurent enfin que Maurice et Adolphe ne les avaient pas
accompagnes, ce qu'Helene expliqua par le malaise qu'ils eprouvaient
pour avoir trop mange. On etait arrive au quart du trajet, a un tournant
d'ou l'on decouvrait le chateau, et on vit avec surprise des jets de
flammes qui eclairaient l'etang; chacun regarda d'ou ils venaient, et on
s'apercut ave
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