uve sa connaissance et la parole; il se plaignait de ses
brulures, de vives douleurs dans les jambes, dans les reins; il ne
pouvait faire un mouvement sans gemir. Mme de Sibran s'agenouilla pres
de lui sans parler; ses larmes tomberent ameres et abondantes sur le
visage de son fils noirci par la fumee, et qui exprimait une souffrance
aigue. Elle deposa un baiser sur son front, puis resta immobile et
silencieuse. Elle demanda a ces dames de la laisser pres de son fils et
d'emmener leurs enfants. Elle pria M. de Sibran de faire porter Maurice
pres d'Adolphe, afin qu'elle les eut tous deux sous les yeux. M. de
Nance se chargea de la commission et s'eloigna avec Francois, que
Christine n'avait pas quitte un instant. Isabelle vint les joindre pour
chercher Christine et la faire monter dans la voiture de Mme des Ormes.
Mais quand ils arriverent dans la cour ou etaient les voitures, ils
trouverent Mme des Ormes partie. N'ayant trouve ni Christine ni
Isabelle, elle s'en etait informee; on lui avait repondu qu'elles
avaient sans doute ete emmenees par M. des Ormes; ne poussant pas plus
loin ses recherches, elle etait partie pour les Ormes.
L'effroi de Christine en se voyant oubliee fut de suite calme par M. de
Nance, qui lui dit:
--Ma petite Christine, je t'emmenerai avec Francois et Isabelle, et tu
coucheras chez moi avec Isabelle qui nous sera fort utile pour preparer
les logements des Guilbert.
--Merci, cher Monsieur de Nance, repondit Christine en lui baisant la
main qui tenait la sienne. Comme vous etes bon! Comme Francois est
heureux! et comme je suis contente pour lui que vous soyez son papa!
--Merci, papa! mon cher papal s'ecria Francois dont les yeux brillerent
de joie. Montons vite en voiture, de peur que Mme des Ormes ne revienne
chercher Christine.
Christine sauta dans la voiture pres de M. de Nance; Francois s'elanca
en face d'elle; Isabelle, pres de lui: et M. de Nance, souriant de
l'inquietude de Francois et de Christine, dit au cocher d'aller bon
train. Quand ils arriverent, il chargea Isabelle d'installer Christine
dans l'ancienne petite chambre de Francois donnant dans celle
d'Isabelle; Francois, tout joyeux, mena Christine dans cette petite
chambre, l'embrassa ainsi que sa bonne, et alla se coucher dans la
sienne, pres de son pere. Il n'oublia pas dans sa priere de remercier le
bon Dieu de lui avoir donne un si bon pere et une si bonne petite amie,
et il s'endormit heureux et reconnaissant.
M. de
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