il
etait toujours pret a tout ce qu'on lui demandait; pour M. de Nance,
c'etaient les affaires, les comptes, l'arrangement de la bibliotheque,
les courses lointaines et autres travaux, qu'il accomplissait avec un
zele; un empressement que rien n'arretait. Pour les enfants, c'etaient
des commissions, des raccommodages, des inventions de jeux, des lecons
de menuiserie, de gymnastique, des etablissements de cabanes, de
berceaux de feuillage, et mille autres inventions qui naissaient dans le
cerveau fertile de ce Paolo, bizarre, ridicule, mais aimant et devoue,
M. de Nance lui avait demande de venir demeurer chez lui, l'education de
Francois et de Christine exigeant beaucoup de temps et de surveillance.
Il lui donnait cent francs par mois pour les deux enfants. M. et Mme des
Ormes semblaient avoir oublie l'existence de leur fille; excepte une
lettre que M. des Ormes ecrivait a Christine a peu pres tous les mois,
elle n'entendait jamais parler de ses parents. Mme des Ormes ne s'etait
pas informee une seule fois de ses besoins de toilette ou de livres, de
musique, de tout ce qui compose l'education d'un enfant. Christine ne
songeait pas encore a ces details, mais elle avait un sentiment vague
et penible de l'abandon de ses parents, et un sentiment tendre et
reconnaissant de ce que M, de Nance faisait pour son education, pour son
amelioration; elle eprouvait aussi, une grande reconnaissance des soins
que donnait Paolo a son instruction; elle l'aimait tres sincerement;
lui, de son cote, admirait son intelligence, sa facilite a retenir et
a comprendre: elle venait d'avoir dix ans; elle avait commence son
education a huit ans, et en piano, italien, histoire, geographie,
dessin, elle etait avancee comme l'est une bonne eleve de dix a onze
ans; elle avait donc regagne tout le temps perdu. Isabelle aussi lui
inspirait une affection pleine de respect et de soumission. Isabelle ne
cessait de remercier son cher Francois de l'avoir decidee a se charger
de Christine, ( Quelle heureuse position tu m'as faite, mon cher
Francois, entre toi et Christine, chez ton excellent pere; rien ne
manque a mon bonheur. Puisse-t-il durer toujours! )
Il dura jusqu'a l'ete. Un jour de juillet, que les enfants, aides de M.
de Nance et de Paolo, construisaient un berceau de branchages au pied
duquel ils plantaient des plantes grimpantes, une femme apparut au
milieu d'eux; c'etait Mme des Ormes. La surprise les rendit tous
immobiles; rien n'avait fait press
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