sser a genoux devant M. de
Nance; elle appuya ses levres sur sa main, et le regarda avec ces
grands yeux doux et suppliants qui faisaient de Paolo son tres humble
serviteur, M. de Nance, de meme que Paolo n'y resista pas; il releva
Christine, la serra dans ses bras, l'embrassa a plusieurs reprises, et
lui dit d'une voix emue:
--Ma fille! ma chere fille! appelle-moi ton pere, puisque ton pere te le
permet, et crois bien que si je suis un pere pour toi, tu es pour moi
une fille bien tendrement aimee.
Christine remercia M. de Nance, lui demanda pardon de l'avoir derange de
son travail, et alla raconter ce qui venait de se passer a Francois, qui
s'en rejouit autant qu'elle. Elle rentra ensuite dans son appartement,
ou l'attendait Paolo pour lui donner ses lecons.
L'ete se passa ainsi, bien calme pour Francois et pour Christine; M. de
Nance refusa toutes les invitations de M. et de Mme des Ormes.
--C'est bien mal a vous, M. de Nance, lui dit un jour Mme des Ormes dans
une de ses rares visites; vous refusez toutes mes invitations; vous ne
voyez aucune de mes fetes, qui sont si jolies, aucun de mes amis, qui
sont si aimables, qui m'aiment tant, qui sont si heureux pres de moi!
Vous ne goutez a aucun de mes excellents diners; j'ai un cuisinier
admirable! un vrai Vatel!
M. DE NANCE
--Je suis vraiment contrarie, madame, d'avoir toujours a vous refuser;
mais les devoirs de la paternite s'accordent mal avec les plaisirs du
monde, et je prefere une soiree passee avec mes enfants, aux fetes les
plus brillantes.
MADAME DES ORMES
--Comment dites-vous, mes enfants? Je croyais que vous n'aviez qu'un
fils.
M. DE NANCE
--Et Christine, madame? Ne m'avez-vous pas permis de la regarder comme
ma fille?
MADAME DES ORMES
--Christine! Vous avez la bonte de vous en occuper vous-meme? Vous ne la
laissez pas a sa bonne?
M. DE NANCE
--Non, madame. Je croirais manquer a la confiance que vous avez bien
voulu me temoigner en me la... donnant..., car vous me l'avez bien
donnee, n'est-il pas vrai?
MADAME DES ORMES, riant.
--Oui, oui. Gardez-la tant que vous voudrez! Mais... ou est-elle? Je
suis venue pour la voir.
M. DE NANCE
--Je vais la faire descendre, madame; elle prend sa lecon de musique
avec Paolo.
M. de Nance sonna
--Faites venir Mlle Christine, dit-il au domestique.
MADAME DES ORMES
A propos de Paolo, il y a longtemps que je ne l'ai vu. J'ai besoin de
lui pour une decoration de theatre; nous
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