guerir de ta precipitation a vouloir
comprendre les pensees inachevees. Je suis desole, chere enfant, du
chagrin que tu temoignes! Et crois bien que je ne t'aurais jamais permis
l'inconvenance que je te proposais en plaisantant; et que je tiens trop
a toi, que j'aime trop, pour me separer de toi volontairement.
Christine, consolee, embrassa tendrement ce pere et ce frere tant aimes,
et renouvela la proposition d'avoir Maurice a Nance.
M. DE NANCE
--Tout ce que vous voudrez, mes enfants; je m'associe a votre acte de
charite, quoiqu'il ne me soit pas plus agreable qu'a Christine; mais,
comme elle, je supporterai les ennuis d'un malade etranger et je
vaincrai mes repugnances.
Quand Francois retourna le lendemain chez Maurice, et lui fit part de
l'invitation de M. de Nance, le visage de Maurice exprima une telle
joie, une telle reconnaissance, que Francois en fut touche. Il remercia
Francois dans les termes les plus affectueux, et annonca le depart de
sa mere pour le lendemain matin, parce qu'on avait recu de mauvaises
nouvelles de son grand-pere.
FRANCOIS
--Alors tu viendras a Nance dans l'apres-midi?
MAURICE
--J'en parlerai a maman; elle le voudra bien, j'en suis sur, et alors je
viendrai le plus tot que je pourrai. Mais, dis-moi, Francois, Christine
ne sera-t-elle pas ennuyee de mon long sejour pres de vous?
FRANCOIS
--Pas du tout, puisque c'est elle qui en a eu l'idee et qui l'a demande
a papa.
MAURICE
--En verite? Christine! Oh! qu'elle est bonne! Quelle bonne petite amie
j'ai la!
Francois reprima un petit mouvement de mecontentement du vol que voulait
lui faire Maurice de l'amitie de Christine. Mais il reflechit que
Christine n'avait pour Maurice que de la compassion, et que ce n'etait
qu'un acte de charite qu'elle exercait envers lui.
--A demain! lui dit Francois.
--Oui, a demain, cher ami! dit gaiement Maurice. Eh bien! tu pars sans
me donner la main?
FRANCOIS
--C'est vrai! Je n'y pensais pas! Viens de bonne heure.
MAURICE
--Le plus tot que je pourrai; merci, mon ami.
Francois s'en retourna a Nance un peu pensif; il rencontra a moitie
chemin Christine et son pere qui venaient a sa rencontre.
M. de Nance demanda des nouvelles de Maurice, pendant que Christine
disait a Francois:
--Qu'as-tu, tu es triste!
--Oui, je suis fache contre moi-meme.
Et il raconta a son pere et a Christine ce que lui avait dit Maurice.
--Et alors dit-il.
CHRISTINE, vivement.
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