bon M. de Nance,
qui veut bien de toi. Au revoir, dans six ou sept mois.
Elle embrassa Christine sur les deux joues, serra la main de M. de
Nance, et s'eloigna en courant et sautillant comme elle etait venue.
Quand elle se fut eloignee, Christine et Francois, dont le coeur
bondissait de joie, se jeterent dans les bras l'un de l'autre, puis
Christine se jeta dans ceux de M. de Nance, qu'elle embrassait en
repetant:
--Mon pere! mon pere! mon bon pere! Vous m'avez sauvee! Que je vous
aime, cher, cher pere! Il M. de Nance, attendri, lui rendit ses baisers.
--Chere enfant! Oui, je suis ton pere d'adoption; tu sais si je t'aime
tendrement.
Et il reunit dans ses bras ces deux enfants dont l'un etait a lui, et
dont fautre lui etait seulement confie, mais il les aimait presque d'une
egale tendresse. La rentree au chateau de Nance fut triomphale; des cris
de joie annoncerent a Bathilde le sejour de Christine au chateau.
Le diner, la soiree furent une fete et un eclat de rire continuel.
Christine se coucha, installee dans la maison de son cher Francois et
fut longtemps a s'endormir, tant la joie l'agitait. Francois etait au
moins aussi heureux; et M. de Nance l'etait plus serieusement et plus
profondement.
XVIII
PAOLO, PRIS, S'ECHAPPE
Aussitot apres etre rentre, M. de Nance envoya chercher Paolo et le fit
mener de suite chez Mme des Ormes, qui l'attendait avec impatience. Des
qu'elle l'apercut, elle courut a lui.
MADAME DES ORMES
--Arrivez, arrivez vite, mon cher Paolo; j'ai besoin de vous. M. de
Nance vous a-t-il parle?
PAOLO
--Non, Signora; il m'a seulement dit, avant que z'aie pou descendre de
la voiture: "Partez vite, mon cer, "Madame des Ormes vous attend. Et
la voiture m'a remmene si vite que z'en avais le vertize, Ce bon M. de
Nance, il a des ceveaux qui courent comme des diavolo.
MADAME DES ORMES
--Bon! c'est tres bien! Je pars demain pour Paris; je laisse Christine
a M. de Nance; mon mari a achete un hotel charmant, je donnerai des
soirees, des bals et j'ai besoin de vous.
PAOLO
--De moi! Oh! Signora! ze ne sais pas danser, voltizer en tournant comme
la sarmante Signora des Ormes. Ze ne peux vous servir a rien et z'aime
mieux rester avec M. de Nance.
MADAME DES ORMES
--Du tout, du tout. J'ai besoin de vous pour mes charades; vous ferez
Assuerus.
PAOLO
--Quoi c'est des sarades, Signora? Quoi c'est Souerousse?
MADAME DES ORMES
--Des charades sont des choses charmantes
|