de demi-tendresse
qui ne duraient pas; tranquille sur le sort de Christine depuis qu'il la
savait sous la direction sage et devouee d'Isabelle, il ne s'occupait
pas de sa fille, et cherchait, comme sa femme, a passer agreablement
ses journees. Tous deux laissaient a Isabelle liberte complete d'elever
Christine selon ses idees; c'est ainsi qu'aidee de M. de Nance elle
donna a Christine des sentiments religieux et des habitudes qui lui
manquaient; elle la menait au catechisme avec Francois, qui fit cette
annee sa premiere communion sous la direction du bon cure du village et
guide par son pere, dont la piete touchait et encourageait Francois et
Christine. Des les premiers temps qui suivirent l'entree d'Isabelle chez
Christine, ils eurent occasion d'exercer la vertu de charite a l'egard
de Maurice et d'Adolphe. Les brulures d'Adolphe le faisaient souffrir
beaucoup, mais ce n'etait rien aupres de ce que souffrait Maurice.
Outre des brulures, le medecin lui avait trouve les reins et le dos
contusionnes et devies et les jambes toutes disloquees.
On les transporta chez eux la nuit meme de l'incendie; et ce fut apres
qu'ils furent installes dans leurs lits, que les deux medecins appeles
commencerent a panser les brulures et a remettre les membres demis et
brises. Paolo avait demande a assister a l'operation; il voulut donner
des conseils, et faire autrement que ne faisaient les medecins pour
remettre les membres disloques et brises. Mais on se moqua de ses avis,
et on refusa de les suivre.
Paolo se retira en branlant la tete, et dit le lendemain a M. de Nance:
"Mauvais, mauvais pour le Maurice! Sera bossou et horrible; les zambes
mal arranzees; tres mal! C'est abouminable! Moi z'aurais fait bien; pas
comme ces zens imbeciles".
Maurice poussa des cris lamentables pendant cette operation, qui dura
une demi-heure environ. Maurice se trouvait dans l'impossibilite de
remuer, a cause des appareils qui maintenaient ses jambes et ses
epaules; il fallait le faire boire et manger, le moucher et l'essuyer
comme un petit enfant; il se desolait, se fachait; ses coleres et ses
agitations augmentaient son mal.
Les premiers jours sa vie fut en danger, et personne ne put le voir;
mais, apres un mois, M. de Nance demanda si Francois ne pouvait pas
venir le distraire et le consoler; M. et Mme de Sibran accepterent la
proposition avec joie, et ils annoncerent a leurs fils la visite de
Francois.
--Pourquoi l'avez-vous acceptee, dit Ma
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