e la Triste-Figure
[2].
[Note 2: Surnom donne a un fou nomme don Quichotte.]
CHRISTINE
--Qui appelez-vous comme ca?
MAURICE
--Votre chevalier, ebouriffe comme vous, et qui a les yeux gonfles comme
vous, ce qui fait croire qu'on vous a administre une correction a tous
les deux.
CHRISTINE
--On administre des corrections aux mechants comme vous, a des garcons
mal eleves comme vous. Francois est toujours bon, et s'il a les yeux
rouges, c'est par bonte pour moi et pour sa bonne. Et s'il a l'air
triste, c'est parce qu'il est bon: il est cent fois mieux avec son air
triste et doux que s'il avait l'air sot et mechant.
ADOLPHE
--Avec ca, il a une belle tournure, une belle taille.
CHRISTINE
--Attendez qu'il ait vingt ans, et nous verrons lequel sera le plus
grand et le plus beau de vous deux.
MAURICE
--Ha, ha, ha! quelle niaiserie? attendre huit ans!
Christine, rouge et irritee, allait repondre, lorsque Francois l'arreta.
FRANCOIS
--Laisse-les dire, ma chere Christine! Ces pauvres garcons ne savent ce
qu'ils disent: ne te fache pas, ne me defends pas. Quel mal me font-ils?
Aucun. Et ils se font beaucoup de mal en se faisant voir tels qu'ils
sont. Tu vois bien que toi et moi nous sommes venges par eux-memes.
BERNARD
--Bien repondu, Francois! bien dit! Tu sais joliment te defendre contre
les mechantes langues.
FRANCOIS
--Je ne me defends pas, Bernard, car je ne me crois pas attaque. Je
calme Christine qui allait s'emporter.
Bernard, Gabrielle et Mlles de Guibert se moquerent de Maurice et
d'Adolphe, qui finirent par ne savoir que repondre a Francois et a
Christine, et, tout en riant et causant, le diner s'avancait et on en
etait au dessert. Maurice et Adolphe, pour dissimuler leur embarras,
mangerent si abondamment que le mal de coeur les obligea de s'arreter.
Les autres enfants firent des plaisanteries sur leur gloutonnerie.
HELENE
--On dirait que vous mourez de faim chez vous.
CECILE
--Ou bien que vous ne mangez rien de bon a la maison.
BERNARD
--Vous serez malades d'avoir trop mange.
GABRIELLE
--Et personne ne vous plaindra.
Maurice et Adolphe, mal a l'aise et honteux, ne repondaient pas; ils
avaient fini leur repas. On sortit de table; tout le monde descendit
au jardin; les enfants se mirent a jouer et a courir, a l'exception de
Maurice et d'Adolphe, qui resterent au salon a moitie couches dans des
fauteuils. Ils avaient complote de s'emparer de quelqu
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