sonne, que moi, Paolo, roi Assouerous, ze me souis
sauve et z'ai couru comme un derate zousqu'a la dilizence du cemin de
fer. Pardonnez, signora de mon coeur, signora de mon ame, et recevez
encore votre humble, soumis et eternel esclave."
"PAOLO PERONNI".
Il faut que ze montre a M. de Nance; c'est zoliment zoli ce que z'ai
ecrit.
--Monsieur de Nance, signor, venez, ze vous prie, lire ma reponse,
dit Paolo en entrant chez M. de Nance. Vous me direz si ce n'est pas
sarmant. Voici la lettre, voila la reponse.
M. de Nance sourit a la lecture du style de Mme des Ormes, et eclata de
rire en lisant la reponse de Paolo. Celui-ci, enchante de l'effet qu'il
avait Produit, attendait, en ouvrant la bouche jusqu'aux Oreilles, que
M. de Nance temoignat tout haut son admiration.
M. DE NANCE, lui rendant les lettres.
--Mon cher Paolo, votre lettre est, dans son genre, aussi ridicule que
celle de Mme des Ormes. Elle vous injurie comme un Auvergnat, et vous
lui repondez par une moquerie par trop evidente.
PAOLO
--Cer monsieur de Nance, ze ne souis pas bete, quoique z'aie l'air
d'oune imbecile; c'est comme ca qu'il faut faire avec cette signora
absourdissima. Elle croit qu'elle est souperbe, ze lui dis qu'elle est
souperbe; elle croit que ze l'adore. Voila la signora ensantee; ze zouis
peut-etre le seul qui dise comme elle; alors elle pardonne et ne se
fasse pas quand ze viens donner des lecons a ma Chnstinetta. Voila
pourquoi z'ai ecrit comme oune imbecile.
M. DE NANCE
-Nous verrons si vous avez devine juste, mon cher Paolo; je le desire
pour vous.
Deux jours apres, Paolo entra triomphant chez M. de Nance, et lui
presenta une lettre.
--Prenez, signor, lisez, voyez si Paolo est oune bete!
"Mon bon et cher Paolo, votre charmante lettre m'a touchee et m'a
bien fait regretter les injures que je vous ai ecrites. Pauvre Paolo!
Pardonnez-moi; je vous accepte pour esclave et je vous traiterai en
bonne maitresse. Adieu. mon esclave. Je m'amuse beaucoup, je donne des
bals; je danse toute la nuit."
"CAROLINE DES ORMES".
--Folle! dit M. de Nance en levant les epaules. Que je suis heureux
d'avoir pu tirer ma chere Christine de cette maison de folie et de
dissipation!
XIX
CHRISTINE EST BONNE MAURICE EST EXIGEANT
L'hiver se passait doucement et agreablement au chateau de Nance.
Francois et Christine accompagnaient M. de Nance dans ses promenades de
proprietaire, aidaient a la plantation des arbres, au trace
|