Nance, au lieu de se reposer des fatigues de la journee, veilla,
avec Isabelle et Bathilde, a l'arrangement des chambres destinees aux
Guilbert, maitres et domestiques: tout etait pret quand ils arriverent.
Il les recut a la porte du chateau, les installa chacun chez eux, leur
recommanda de demander tout ce qu'ils desiraient, et s'echappa a leurs
remerciements mille fois repetes, en rentrant dans son appartement: il
embrassa son petit Francois endormi et se coucha apres avoir, lui aussi,
remercie le bon Dieu de lui avoir donne un si excellent fils.
Christine dormit tard et se reveilla le lendemain tout etonnee de ne pas
connaitre sa chambre; elle ne tarda pas a se ressouvenir des evenements
de la veille, et son coeur bondit de joie quand elle pensa qu'elle
reverrait Francois et M, de Nance et qu'elle dejeunerait avec eux, chez
eux. A peine Isabelle l'eut-elle habillee et lui eut-elle fait faire sa
priere, que Francois entra; Christine courut a lui et se jeta dans ses
bras.
--Oh! Francois, garde-moi toujours chez toi! Je me sens si heureuse ici!
mon coeur est tranquille comme s'il dormait.
FRANCOIS
--Je serais bien, bien content de te garder toujours, mais ton papa et
ta maman ne voudront pas.
CHRISTINE
--Pourquoi? qu'est-ce que ca leur fait? Tu vois bien qu'ils m'ont
oubliee hier dans ce chateau brule.
FRANCOIS
--C'est parce que tout le monde etait agite par cet incendie, Tu vas
voir qu'ils vont t'envoyer chercher... En attendant, je viens t'emmener
pour dejeuner. Je dejeune toujours avec papa, et j'ai dit que tu
dejeunerais avec nous. Veux-tu?
CHRISTINE
--Merci, merci, mon bon Francois. Quelle bonne idee tu as eue!
Francois embrassa sa bonne, qui les regardait avec tendresse, et,
prenant la main de Christine, ils coururent tous deux chez M. de Nance
qui ecrivait en attendant Francois.
--Bonjour, mon bon cher papa, dit Francois en lui passant les bras
autour du cou.
Il se sentit en meme temps embrasse de l'autre cote, et deux petits
bras entourerent aussi son cou. C'etait Christine, qui faisait comme
Francois.
Il sourit, les embrassa tous deux.
--Bonjour, chers enfants; vous voila deja ensemble?
--Cher Monsieur de Nance, gardez-moi toujours avec vous et avec
Francois. Je serais si heureuse chez vous! je vous aimerai tant! autant
que Francois, dit Christine en l'entourant toujours de ses bras.
M. DE NANCE
--Ma pauvre chere enfant, j'en serais aussi heureux que toi; mais c'est
i
|