--Pas content? Pourquoi? Ton invention est donc mauvaise, mechante?
CHRISTINE.
--Au contraire, mon pere; excellente et tres bonne. Devinez! Ce n'est
pas difficile.
M. DE NANCE
--Comment veux-tu que je devine, si tu ne me dis pas quelque chose pour
m'aider?
CHRISTINE
--Et toi, Francois, devines-tu?
Francois la regarda attentivement.
--Je crois que j'ai trouve, s'ecria-t-il.
Et il dit quelques mots a l'oreille de Christine.
--C'est ca, tu as devine, repondit-elle en riant A votre tour, mon pere;
vous ne devinez pas.
M, DE NANCE
--Hem! je crois que je devine aussi, Tu veux que je lui propose...
CHRISTINE
--C'est cela! c'est cela! Eh bien! papa, voulez-vous?
M. DE NANCE, souriant
-Mais tu ne m'as pas laisse achever! tu ne sais pas ce que j'allais
dire!
CHRISTINE
--Si fait, si fait! Et je vous demande encore: Le voulez-vous?
M. DE NANCE, avec malice
--Il faut bien, puisque tu le desires si vivement. Mais je te demande
instamment que ce ne soit pas pour longtemps. Huit jours au plus.
CHRISTINE
--Ce sera assez mon pere, pour le consoler; pourtant, j'aimerais mieux
un mois que huit jours.
M, DE NANCE, de meme
--Nous verrons si nous pouvons nous y habituer, Francois et moi.
CHRISTINE
--Oh! vous vous y habituerez tres bien. Francois ira le lui demander
demain.
M. DE NANCE, souriant.
--Il vaut mieux que tu y ailles toi-meme avec Isabelle: tu verras en
meme temps la chambre que te donnera Mme de Sibran pour toi et pour
Isabelle.
CHRISTINE, effrayee
--Quelle chambre? Pourquoi une chambre?
M. DE NANCE
--Mais pour demeurer chez Mme de Sibran pendant huit jours, jusqu'a son
depart, comme tu le desires.
CHRISTINE
--Moi, demeurer la-bas? Moi, vous quitter? aller chez ce Maurice que je
ne peux pas souffrir? Oh! mon pere! vous ne m'aimez donc pas, puisque
vous me renvoyez avec tant de facilite! Vous ne croyez pas a ma
tendresse, puisque vous me supposez le desir, la possibilite de vouloir
vous quitter! Francois, tu avais devine, toi; tu m'aimes!
Christine, desesperee et tout en larmes, se jeta au cou de Francois, qui
regardait son pere avec tristesse.
M. DE NANCE, la saisissant dans ses bras et l'embrassant.
--Christine! ma fille! mon enfant! Ne pleure pas! Ne t'afflige pas!
C'est une plaisanterie; je devinais tres bien que tu me demandais de
faire venir Maurice ici avec nous. Tu ne m'as pas laisse achever, et
j'ai profite de l'occasion pour te
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