matelas dessous. Allons courage!
Maurice s'elanca et tomba maladroitement, moitie sur les matelas et
moitie sur le pave. M. de Nance se baissa pour le retirer et faire place
a Adolphe; mais avant qu'il eut eu le temps de l'enlever, Adolphe se
jeta aussi et vint tomber sur les epaules de son frere, qui poussa un
grand cri et perdit connaissance.
--Malheureux! s'ecria M. de Nance, ne pouviez-vous attendre une
demi-minute?
--Je brulais, je suffoquais, repondit faiblement Adolphe.
Et il commenca a gemir et a se plaindre de la douleur causee par les
brulures. M. de Nance remit Adolphe aux mains des domestiques, qui
l'emmenerent a la ferme, et lui-meme s'occupa de faire revenir Maurice:
mais ses soins furent inutiles; les reins etaient meurtris ainsi que
les epaules; les jambes, qui avaient porte sur le pave, etaient
contusionnees et brisees; il demanda qu'on allat au plus vite chercher
un medecin, etendit Maurice sur l'herbe, et engagea M. de Sibran a
donner des soins a ses fils au lieu de se lamenter.
--Ma femme! ma femme! dit M. de Sibran avec desespoir.
M. DE NANCE
--Que diable! mon cher, ayez donc courage! Que votre femme s'evanouisse,
on le comprend. Mais vous, faites votre besogne de pere, et voyez ce
qu'il y a a faire pour secourir vos fils.
M. DE SIBRAN
--Mes fils! mes enfants! Ou sont-ils?
M. DE. NANCE
Ils sont contusionnes et brules; Maurice, la, pres de vous et Adolphe a
la ferme.
--Maurice! Maurice! Il s'ecria M. de Sibran en se jetant pres de lui.
Maurice poussa un gemissement douloureux.
M. DE NANCE
--Prenez garde! ne lui donnez pas d'emotions inutiles, faites-lui
respirer du vinaigre, bassinez-lui le front et les tempes, mais ne le
secouez pas! Mettez deux matelas pres de lui, et tachons de l'enlever
pour le placer dessus.
M. de Sibran demanda du monde pour l'aider a transporter Maurice. M.
de Nance appela M. des Ormes, lui repeta ce qu'il y avait a faire en
attendant le medecin, et retourna pres de ces dames. Il prit de l'eau
dans son chapeau, en jeta quelques gouttes sur la tete et le visage de
Mme de Sibran, toujours evanouie, lui bassina a grande eau les tempes,
et le front, et demanda a ces dames de continuer jusqu'a ce qu'elle
reprit ses sens. Mme des Ormes et Mme de Guilbert s'en chargerent et
apprirent par M. de Nance le triste etat de Maurice et d'Adolphe.
--Qu'est-ce qui a cause l'incendie, papa? demanda Francois? Ou est ma
bonne?
--Ta bonne va bien, mon en
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