urait comme une jeune personne de quinze ans,
cueillant une fleur, poursuivant un papillon, gambadant et pirouettant.
MADAME DES ORMES
--Venez vite, monsieur de Nance, que je vous dise une bonne nouvelle. M.
des Ormes vient d'acheter un hotel a Paris, superbe hotel! Je donnerai
des bals, des concerts... Non, pas de concerts; je n'aime pas la
musique. Des tableaux vivants; c'est charmant. Vous figurerez dans mes
tableaux vivants; vous ferez le roi Assuerus, et moi la reine Esther, et
mon mari l'oncle Mardochee; ah, ah, ah! mon mari en Mardochee avec une
grande barbe blanche! N'est-ce pas que ce sera amusant?
--Tres amusant, madame, repondit gravement M de Nance; mais ce n'est pas
pour cela que vous m'avez fait venir avec les enfants?
MADAME DES ORMES
--Si fait, si fait; c'est pour vous proposer de venir demeurer avec nous
dans mon hotel; vous prendrez le rez-de-chaussee, que je vous louerai
dix mille francs, mais a la condition que, les jours de reception, on
soupera dans votre appartement.
M. DE NANCE
--C'est impossible, madame. D'abord je ne joue pas la comedie; ensuite
je passe mes hivers a la campagne avec mon fils.
MADAME DES ORMES
--A la campagne! Quel dommage! J'avais si bien arrange tout cela! Vous
auriez fait un superbe Assuerus".
M. de Nance ne put s'empecher de sourire: tout cela lui parut d'un
tel ridicule, que pour le faire sentir a Mme des Ormes et pour l'en
degouter, il lui dit:
--Prenez Paolo, madame! Ordonnez-lui de laisser pousser sa barbe et ses
moustaches; il jouera tout ce que vous voudrez.
MADAME DES ORMES
--Tiens! c'est une idee. Quand vous serez chez vous, envoyez-moi Paolo.
Adieu, mon cher monsieur de Nance; au revoir, je pars demain. Christine,
dis adieu a tes amis, nous partons demain.
CHRISTINE
--Francois, mon cher Francois! je ne veux pas le quitter! Laissez-moi
avec lui, maman; je vous en supplie, ne m'emmenez pas.
FRANCOIS
--Madame, madame, laissez-moi ma chere Christine! Je serai si malheureux
sans elle! De grace, je vous en prie, ne l'emmenez pas.
Et tous deux se jeterent en sanglotant au cou l'un de l'autre.
MADAME DES ORMES
--Eh bien! eh bien! qu'est-ce que cela? Quelle scene absurde! Vas-tu
finir de pleurer, Christine. Cela m'ennuie de voir pleurer.
CHRISTINE
--Je pleurerai toujours tant que je serai separee de Francois.
MADAME DES ORMES
--Je t'enverrai a Seraphin, a Franconi.
CHRISTINE
--Je ne veux pas de Seraphin sans Fran
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