ance partagea le triomphe de
Francois et lui fit voir combien la bonte et l'indulgence reussissaient
mieux que la colere et la severite.
--Continue ta bonne oeuvre, cher ami, peut-etre s'ameliorera-t-il tout a
fait. C'est un vrai bonheur quand on peut rendre bons les mechants.
Christine fut enchantee du resultat de cette seconde visite, et
encouragea Francois a continuer et a tacher de ramener aussi Adolphe a
de meilleurs sentiments. Pendant deux mois, Francois retourna tous les
jours chez les Sibran. Adolphe guerit de ses brulures au bout d'un mois;
il resta rebelle aux sollicitations de Maurice et insensible a la bonte,
a l'amabilite de Francois. Le pauvre Maurice, au contraire, de plus
en plus touche de la genereuse affection que lui temoignait Francois,
devint plus doux, plus endurant, plus resigne de jour en jour; au bout
de ces deux mois, Je medecin lui permit de se lever et de faire usage
de ses membres remis. Quand il se leva, sa faiblesse le fit retomber
de suite, sur son lit; un second essai, plus heureux, lui permit de
s'appuyer sur ses jambes et de se tourner vers la glace; mais de
quelle terreur ne fut-il pas saisi quand il vit ses jambes tordues et
raccourcies, une epaule remontee et saillante, les reins ployes et ne
pouvant se redresser, et le visage, jusque-la enveloppe de cataplasmes
ou d'onguent, couture et defigure par les brulures! Adolphe l'avait ete
aussi, mais beaucoup moins.
Le malheureux Maurice poussa un cri d'horreur et retomba presque inanime
sur son lit. Mme de Sibran se jeta a genoux, le visage cache dans ses
mains, et M. de Sibran quitta precipitamment la chambre pour cacher son
desespoir a son fils.
--Mon Dieu! mon Dieu! criait Maurice, ayez pitie de moi! Mon Dieu! ne me
laissez pas ainsi! Que vais-je devenir? Je ne veux pas vivre pour etre
un objet d'horreur et de risee.
Puis, se relevant et se regardant encore dans la glace:
--Mais je suis horrible, affreux! Francois lui-meme reculera d'epouvante
en me voyant! Lui est bossu, c'est vrai, mais son visage, du moins,
est joli, ses jambes sont droites... Et moi! et moi!... Maman, maman,
secourez-moi; ayez pitie de votre malheureux Maurice!
Mme de Sibran releva son visage inonde de larmes, et, regardant encore
Maurice, l'horreur et le chagrin dont elle fut saisie lui firent
craindre un evanouissement; au lieu de repondre a l'appel de son fils,
elle se releva et courut rejoindre son mari pour unir sa douleur a la
sienne.
Maur
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