pte l'ordre du jour pur et simple.
On courut aux Jacobins celebrer cette victoire, et Robespierre y fut recu
en triomphateur. A peine parut-il qu'on le couvrit d'applaudissemens. Un
membre demanda qu'on lui laissat la parole pour faire le recit de la
journee. Un autre assura que sa modestie l'en empecherait, et qu'il ne
voudrait pas parler. Robespierre, jouissant en silence de cet
enthousiasme, laissa a un autre le soin d'un recit adulateur. Il fut
appele Aristide. Son eloquence _naive et male_ fut louee avec une
affectation qui prouve combien etait connu son gout pour la louange
litteraire. La convention fut rehabilitee, l'estime de la societe lui
revint, et on pretendit que le triomphe de la verite commencait, et qu'il
ne fallait plus desesperer du salut de la republique.
Barrere fut interpelle pour qu'il s'expliquat sur la maniere dont il
s'etait exprime a l'egard _des petits faiseurs d'emeute;_ et il se peignit
tout entier en declarant qu'il avait voulu, par ces mots, designer non les
chauds patriotes accuses avec Robespierre, mais leurs adversaires.
Ainsi finit cette celebre accusation. Elle fut une veritable imprudence.
Toute la conduite des girondins se caracterise par cette demarche. Ils
eprouvaient une genereuse indignation; ils l'exprimaient avec talent; mais
il s'y melait assez de ressentimens personnels, assez de fausses
conjectures, de suppositions chimeriques, pour donner a ceux qui aimaient
a s'abuser, une raison de ne pas les croire; a ceux qui redoutaient un
acte d'energie, un motif de l'ajourner; a ceux enfin qui affectaient
l'impartialite, un pretexte pour ne pas adopter leurs conclusions; et ces
trois classes composaient toute la Plaine. Un d'entre ces membres,
cependant, le sage Petion, ne partagea point leurs exagerations; il fit
imprimer le discours qu'il avait prepare, et ou toutes choses etaient
sagement appreciees. Vergniaud, que sa raison et son indolence dedaigneuse
mettaient au-dessus des passions, etait exempt aussi de leurs travers, et
il garda un profond silence. Dans le moment, l'accusation des girondins
n'eut d'autre resultat que de rendre definitivement toute reconciliation
impossible, d'avoir meme use dans un combat inutile le plus puissant et le
seul de leurs moyens, la parole et l'indignation, et d'avoir augmente la
haine et la fureur de leurs ennemis, sans s'etre donne une ressource de
plus.
Malheur aux vaincus lorsque les vainqueurs se divisent! Ceux-ci font
diversion a leu
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