l! Liste civile, veto, choix de ses ministres, femmes,
parens, courtisans, voila les seducteurs de Capet! et quels seducteurs!
J'invoque Aristide, Epictete; qu'ils me disent si leur fermete eut tenu a
de telles epreuves! C'est sur le coeur des debiles mortels que je fonde
mes principes ou mes erreurs. Elevez-vous donc a toute la grandeur de la
souverainete nationale; concevez tout ce qu'une telle puissance doit
comporter de magnanimite. Appelez Louis XVI, non comme un coupable, mais
comme un Francais, et dites-lui: Ceux qui t'avaient jadis eleve sur le
pavois, et nomme leur roi, te deposent aujourd'hui; tu avais promis d'etre
leur pere, et tu ne le fus pas... Repare par tes vertus comme citoyen la
conduite que tu as tenue comme roi."
Dans l'extraordinaire exaltation des esprits, chacun etait conduit a
envisager la question sous des rapports differens. Fauchet, ce pretre
constitutionnel qui s'etait rendu celebre en 1789, pour avoir porte dans
la chaire le langage de la revolution, avait demande si la societe avait
le droit de porter la peine de mort[1]. "La societe, avait-il dit,
a-t-elle le droit d'arracher a un homme la vie qu'elle ne lui a pas
donnee? Sans doute elle doit se conserver; mais est-il vrai qu'elle ne le
puisse que par la mort du coupable? Et si elle le peut par d'autres
moyens, n'a-t-elle pas le droit de les employer? Dans cette cause,
ajoutait-il, plus que dans aucune autre, cette verite est surtout
applicable. Quoi! c'est pour l'interet public, c'est pour l'affermissement
de la republique naissante que vous allez immoler Louis XVI! Mais sa
famille entiere mourra-t-elle du meme coup qui le frappera lui-meme?
D'apres le systeme de l'heredite, un roi ne succede-t-il pas immediatement
a un autre? Etes-vous debarrasses, par la mort de Louis XVI, des droits
qu'une famille entiere croit avoir recus d'une possession de plusieurs
siecles? La destruction d'un seul est donc inutile. Au contraire, laissez
subsister le chef actuel qui ferme tout acces aux autres; laissez-le
exister avec la haine qu'il inspire a tous les aristocrates pour ses
incertitudes, ses concessions; laissez-le exister avec sa reputation de
faiblesse, avec l'avilissement de sa defaite, et vous aurez moins a le
craindre que tout autre. Laissez ce roi detrone errer dans le vaste sein
de votre republique, sans ce cortege de grandeur qui l'entourait; montrez
combien un roi est peu de chose reduit a lui-meme; temoignez un profond
dedain pour le souv
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