enir de ce qu'il fut, et ce souvenir ne sera plus a
craindre; vous aurez donne une grande lecon aux hommes; vous aurez fait
pour la republique, sa surete et son instruction, plus qu'en versant un
sang qui ne vous appartient pas. Quant au fils de Louis XVI, ajoute
Fauchet, s'il peut devenir un homme, nous en ferons un citoyen, comme le
jeune Egalite. Il combattra pour la republique, et nous n'aurons pas peur
qu'un seul soldat de la liberte le seconde jamais, s'il avait la demence
de vouloir devenir un traitre a la patrie. Montrons ainsi aux peuples que
nous ne craignons rien; engageons-les a nous imiter; que tous ensemble
ils forment un congres europeen, qu'ils deposent leurs souverains, qu'ils
envoient ces etres chetifs trainer leur vie obscure le long des publiques,
et qu'ils leur donnent meme de petites pensions, car ces etres-la sont si
denues de facultes, que le besoin meme ne leur apprendrait pas a gagner du
pain! Donnez donc ce grand exemple de l'abolition d'une peine barbare.
Supprimez ce moyen inique de l'effusion du sang, et surtout guerissez le
peuple du besoin qu'il a de le repandre. Tachez d'apaiser en lui cette
soif que des hommes pervers voudraient exciter pour s'en servir a
bouleverser la republique. Songez que des hommes barbares vous demandent
encore cent cinquante mille tetes, et qu'apres leur avoir accorde celle du
ci-devant roi, vous ne pourrez leur en refuser aucune. Empechez des crimes
qui agiteraient pour long-temps le sein de la republique, deshonoreraient
la liberte, ralentiraient ses progres, et nuiraient a l'acceleration du
bonheur du monde."
[Note 1: Seance du 13 novembre.]
Cette discussion avait dure depuis le 13 jusqu'au 30 novembre, et avait
excite une agitation generale. Ceux dont le nouvel ordre de choses n'avait
pas entierement saisi l'imagination, et qui conservaient quelque souvenir
de 1789, de la bonte du monarque, de l'amour qu'on lui porta, ne pouvaient
comprendre que ce roi, tout a coup transforme en tyran, fut devoue a
l'echafaud. En admettant meme ses intelligences avec l'etranger, ils
imputaient cette faute a sa faiblesse, a ses entours, a cet invincible
amour du pouvoir hereditaire, et l'idee d'un supplice infame les
revoltait. Cependant ils n'osaient pas prendre ouvertement la defense de
Louis XVI. Le peril recent auquel nous venions d'etre exposes par
l'invasion des Prussiens, l'opinion generalement repandue que la cour
etait la cause secrete de cet envahissement de nos fr
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