ns sa poche un morceau de pain,
et ne quittant pas meme le ministere pour manger, il travaillait pendant
des journees entieres, et avait charme Roland par ses moeurs et son zele.
Servan avait demande a le posseder pendant sa difficile administration
d'aout et de septembre, et Roland ne le lui avait cede qu'avec regret et
en consideration de l'importance des travaux de la guerre. Pache rendit
dans ce nouveau poste les memes services que dans le premier; et, lorsque
la place de ministre de la guerre vint a vaquer, il fut aussitot propose
pour la remplir, comme un de ces etres obscurs, mais precieux, auxquels la
justice et l'interet public devaient assurer une faveur rapide. Pache,
doux et modeste, plaisait a tout le monde, et ne pouvait manquer d'etre
accepte: les girondins comptaient naturellement sur la moderation
politique d'un homme aussi calme, aussi sage, et qui d'ailleurs leur
devait sa fortune. Les jacobins, qui le trouvaient plein de deference pour
eux, exaltaient sa modestie, et l'opposaient a ce qu'ils appelaient
l'orgueil et la durete de Roland. Dumouriez, de son cote, fut charme d'un
ministre qui paraissait plus maniable que les girondins, et plus dispose a
suivre ses vues. Il avait en effet de nouveaux griefs contre Roland.
Celui-ci lui avait ecrit, au nom du conseil, une lettre dans laquelle il
lui reprochait de vouloir trop imposer ses plans au ministere, et lui
temoignait d'autant plus de defiance qu'on lui supposait plus de talens.
Roland etait loyal, et ce qu'il disait dans le secret de la
correspondance, il l'eut combattu en public. Dumouriez, meconnaissant
l'intention honnete de Roland, avait fait ses plaintes a Pache, qui les
avait recues, et qui l'avait console par ses flatteries des defiances de
ses collegues. Tel etait le nouveau ministre de la guerre: place entre les
jacobins, les girondins et Dumouriez, ecoutant les plaintes des uns contre
les autres, il les gagnait tous par ses paroles et sa deference, et leur
faisait esperer a tous un second et un ami.
Dumouriez attribua au renouvellement des bureaux les retards qu'essuyait
l'approvisionnement de son armee. Il n'y avait d'arrive que la moitie des
munitions et des fournitures promises, et il se mit en marche sans
attendre le reste, ecrivant a Pache qu'il lui fallait indispensablement
trente mille paires de souliers, vingt-cinq mille couvertures, des effets
de campement pour quarante mille hommes, et surtout deux millions de
numeraire pour fourn
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