ontieres, avaient
excite une irritation qui retombait sur l'infortune monarque, et contre
laquelle on n'osait pas s'elever. On se contentait de resister d'une
maniere generale contre ceux qui demandaient des vengeances; on les
peignait comme des instigateurs de troubles, comme des septembriseurs,
qui voulaient couvrir la France de sang et de ruines. Sans defendre
nommement Louis XVI, on demandait la moderation envers les ennemis
vaincus. On se recommandait d'etre en garde contre une energie hypocrite,
qui, en paraissant defendre la republique par des supplices, ne cherchait
qu'a l'asservir par la terreur, ou a la compromettre envers l'Europe. Les
girondins n'avaient pas encore pris la parole. On supposait, plutot qu'on
ne connaissait, leur opinion, et la Montagne, pour avoir occasion de les
accuser, pretendait qu'ils voulaient sauver Louis XVI. Cependant ils
etaient incertains dans cette cause. D'une part, rejetant l'inviolabilite,
et regardant Louis XVI comme complice de l'invasion etrangere, de l'autre,
emus en presence d'une grande infortune, et portes en toute occasion a
s'opposer a la violence de leurs adversaires, ils ne savaient quel parti
prendre, et ils gardaient un silence equivoque et menacant.
Une autre question agitait en ce moment les esprits, et ne produisait pas
moins de troubles que la precedente: c'etait celle des subsistances, qui
avaient ete une grande cause de discorde a toutes les epoques de la
revolution.
On a deja vu combien d'inquietudes et de peines elles avaient causees a
Bailly et a Necker, pendant les premiers temps de 1789. Les memes
difficultes se presentaient plus grandes encore a la fin de 1792,
accompagnees des mouvemens les plus dangereux. La suspension du commerce
pour tous les objets qui ne sont pas de premiere necessite, peut bien
faire souffrir l'industrie, et a la longue agir sur les classes ouvrieres;
mais quand le ble, premier aliment, vient a manquer, le trouble et le
desordre s'ensuivent immediatement. Aussi l'ancienne police avait-elle
range le soin des subsistances au rang de ses attributions, comme un des
objets qui interessaient le plus la tranquillite publique.
Les bles ne manquaient pas en 1792; mais la recolte avait ete retardee par
la saison, et en outre le battage des grains avait ete differe par le
defaut de bras. Cependant la plus grande cause de disette etait ailleurs.
En 1792 comme en 1789, le defaut de surete, la crainte du pillage sur les
routes, et des vex
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