peuple. On lui impose silence en
le traitant de royaliste, et on propose de le rappeler a l'ordre. Guadet
alors, avec une mauvaise foi que les hommes les plus honnetes apportent
quelquefois dans une discussion envenimee, soutient qu'il faut respecter
la liberte des opinions, a laquelle on doit d'avoir decouvert un secret
important, et qui donne la clef d'une grande machination. "L'assemblee,
dit-il, ne doit pas regretter d'avoir entendu cet amendement, qui lui
demontre qu'un nouveau despotisme doit succeder au despotisme detruit, et
on doit remercier Merlin, loin de le rappeler a l'ordre." Une explosion de
murmures couvrent la voix de Guadet. Bazire, Merlin, Robespierre, crient a
la calomnie, et il est vrai que le reproche de vouloir substituer un roi
plebeien au roi detrone etait aussi absurde que celui de federalisme
adresse aux girondins. L'assemblee decrete enfin la peine de mort contre
quiconque voudrait retablir en France la royaute, sous quelque
denomination que ce puisse etre.
On revient aux formes du proces et a la proposition d'une seance
permanente. Robespierre demande de nouveau que le jugement soit prononce
sur-le-champ. Petion, victorieux encore par l'appui de la majorite, fait
decider que la seance ne sera pas permanente, ni le jugement instantane,
mais que l'assemblee s'en occupera tous les jours, et toute affaire
cessante, de onze a six heures du soir.
Les jours suivans furent employes a la lecture des pieces trouvees chez
Laporte, et d'autres trouvees plus recemment au chateau dans une armoire
secrete, que le roi avait fait construire dans l'epaisseur d'une muraille.
La porte en etait en fer, d'ou elle fut connue depuis sous le nom
d'_armoire de fer_. L'ouvrier employe a la construire la denonca a Roland,
qui, empresse de verifier le fait, eut l'imprudence de s'y rendre
precipitamment, sans se faire accompagner de temoins pris dans
l'assemblee, ce qui donna lieu a ses ennemis de dire qu'il avait soustrait
une partie des papiers. Roland y trouva toutes les pieces relatives aux
communications de la cour avec les emigres et avec divers membres des
assemblees. Les transactions de Mirabeau y furent connues, et la memoire
du grand orateur allait etre proscrite, lorsqu'a la demande de Manuel, son
admirateur passionne, on chargea le comite d'instruction publique de faire
de ces documens un plus ample examen[1].
[Note 1: Cette revelation eut lieu dans la seance du 5 decembre. On
voulait briser immediatemen
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