erance aurait ete enlevee aux conspirateurs. Jean
de Bry, ce depute qui, a la legislative, avait voulu qu'on ne suivit pour
regle de conduite que _la loi du salut public_, prit la parole a ce sujet,
et proposa de juger a la fois Marat et Louis XVI. "Marat, dit-il, a merite
le titre de mangeur d'hommes: il serait digne d'etre roi. Il est la cause
des troubles dont Louis XVI est le pretexte: jugeons-les tous les deux, et
assurons le repos public par ce double exemple." En consequence la
convention ordonna que le rapport sur les denonciations contre Marat lui
serait fait seance tenante, et que, sous huit jours au plus tard, le
comite de legislation donnerait son avis sur les formes a observer dans le
jugement de Louis XVI. Si apres huit jours le comite n'avait pas presente
son travail, tout membre aurait le droit de se presenter a la tribune pour
y traiter cette grande question. De nouvelles querelles et de nouveaux
soins empecherent le rapport sur Marat, qui ne fut meme presente que
long-temps apres, et le comite de legislation prepara le sien sur
l'auguste et malheureuse famille enfermee au Temple.
L'Europe avait en ce moment les yeux sur la France. On regardait avec
etonnement ces sujets d'abord juges si faibles, maintenant devenus
victorieux et conquerans, et assez audacieux pour faire un defi a tous les
trones. On observait avec inquietude ce qu'ils allaient faire, et on
esperait encore que leur audace aurait bientot un terme. Cependant des
evenemens militaires se preparaient, qui allaient doubler leur enivrement,
et ajouter a la surprise et a l'effroi du monde.
CHAPITRE III.
SUITE DES OPERATIONS MILITAIRES DE DUMOURIEZ.--MODIFICATIONS DANS LE
MINISTERE.---PACHE MINISTRE DE LA GUERRE.--VICTOIRE DE JEMMAPES.
--SITUATION MORALE ET POLITIQUE DE LA BELGIQUE; CONDUITE POLITIQUE DE
DUMOURIEZ.--PRISE DE GAND, DE MONS, DE BRUXELLES, DE NAMUR, D'ANVERS;
CONQUETE DE LA BELGIQUE JUSQU'A LA MEUSE.--CHANGEMENS DANS
L'ADMINISTRATION MILITAIRE; MESINTELLIGENCE DE DUMOURIEZ AVEC LA
CONVENTION ET LES MINISTRES.--NOTRE POSITION AUX ALPES ET AUX PYRENEES.
Dumouriez etait parti pour la Belgique a la fin d'octobre, et le 25 il se
trouvait a Valenciennes. Son plan general fut regle d'apres l'idee qui le
dominait, et qui consistait a pousser l'ennemi de front, en profitant de
la grande superiorite numerique qu'on avait sur lui. Dumouriez aurait pu,
en marchant sur la Meuse avec la plus grande partie de ses forces,
empecher
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