ux qui, plus
moderes, voulaient non seulement la liberte dans le but, mais dans les
moyens, et reclamaient surete pour leurs ennemis, lenteur dans les formes
de la justice, et liberte absolue du commerce.
Les girondins faisaient donc valoir tous les systemes imagines par les
esprits speculatifs contre la tyrannie administrative; mais ces nouveaux
economistes, au lieu de rencontrer, comme autrefois, un gouvernement
honteux de lui-meme, et toujours condamne par l'opinion, trouvaient des
esprits enivres de l'idee du salut public, et qui croyaient que la force
employee pour ce but n'etait que l'energie du bien.
Cette discussion amenait un autre sujet de graves reproches: Roland
accusait tous les jours la commune de malverser dans les subsistances, et
de les faire rencherir a Paris, en reduisant les prix par une vaine
ambition de popularite. Les montagnards repondaient a Roland, en
l'accusant lui-meme d'abuser de sommes considerables affectees a son
ministere pour l'achat des grains, d'etre le chef des accapareurs, et de
se faire le veritable dictateur de la France, en s'emparant des
subsistances.
Tandis que pour ce sujet on disputait dans l'assemblee, on se revoltait
dans certains departemens, et particulierement dans celui d'Eure-et-Loir.
Le peuple des campagnes, excite par le defaut de pain, par les
instigations des cures, reprochait a la convention d'etre la cause de tous
ses maux; et tandis qu'il se plaignait de ce qu'elle ne voulait pas taxer
les grains, il l'accusait en meme temps de vouloir detruire la religion.
C'est Cambon qui etait cause de ce dernier reproche. Passionne pour les
economies qui ne portaient pas sur la guerre, il avait annonce qu'on
supprimerait les frais du culte, et que ceux qui _voudraient la messe la
paieraient_. Aussi les insurges ne manquaient pas de dire que la religion
etait perdue, et, par une contradiction singuliere, ils reprochaient a la
convention, d'une part la moderation en matiere de subsistances, et de
l'autre la violence a l'egard du culte. Deux membres, envoyes par
l'assemblee, trouverent aux environs de Courville un rassemblement de
plusieurs mille paysans, armes de fourches et de fusils de chasse, et ils
furent obliges, sous peine d'etre assassines, de signer la taxe des
grains. Ils y consentirent, et la convention les desapprouva. Elle declara
qu'ils auraient du mourir, et abolit la taxe qu'ils avaient signee. On
envoya la force armee pour dissiper les rassemblemens. Ainsi
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