hampagne, s'etaient refroidis depuis que le
moment du peril etait passe. D'ailleurs ils etaient degoutes par les
privations de tout genre qu'ils essuyaient, et ils desertaient en foule.
Le seul corps de Dumouriez en avait perdu au moins dix mille, et chaque
jour il en perdait davantage. Les levees belges ne s'effectuaient pas,
parce qu'il etait presque impossible d'organiser un pays ou les diverses
classes de la population et les diverses provinces du territoire n'etaient
nullement disposees a s'entendre. Liege abondait dans le sens de la
revolution; mais le Brabant et la Flandre voyaient avec defiance surgir
les jacobins dans les clubs qu'on avait essaye d'etablir a Gand, Anvers,
Bruxelles, etc. Le peuple belge n'etait pas trop d'accord avec nos
soldats, qui voulaient payer en assignats; nulle part on ne consentait a
recevoir notre papier-monnaie, et Dumouriez refusait de lui donner une
circulation forcee. Ainsi, quoique victorieuse et maitresse de la
campagne, l'armee se trouvait dans une situation malheureuse a cause de la
disette, de la desertion, et de la disposition incertaine et presque
defavorable des habitans. La convention assiegee des rapports
contradictoires du general, qui se plaignait avec hauteur, et du ministre
qui certifiait avec modestie, mais avec assurance, que les envois les plus
abondans avaient ete faits, depecha quatre commissaires dans son sein,
pour aller s'assurer par leurs yeux du veritable etat des choses. Ces
quatre commissaires etaient Danton, Camus, Lacroix et Cossuin.
Tandis que Dumouriez avait employe le mois de novembre a occuper la
Belgique jusqu'a la Meuse, Custine, courant toujours aux environs de
Francfort et du Mein, etait menace par les Prussiens, qui remontaient la
Lahn. Il aurait voulu que tout le versement de la guerre eut lieu de son
cote, pour couvrir ses derrieres, et assurer ses folles incursions en
Allemagne. Aussi ne cessait-il de se plaindre contre Dumouriez, qui
n'arrivait pas a Cologne, et contre Kellermann, qui ne se portait pas sur
Coblentz. On vient de voir les difficultes qui empechaient Dumouriez
d'avancer plus vite; et pour rendre le mouvement de Kellermaun possible,
il aurait fallu que Custine, renoncant a des incursions qui faisaient
retentir d'acclamations la tribune des Jacobins et les journaux, se
renfermat dans la limite du Rhin, et que, fortifiant Mayence, il voulut
descendre lui-meme a Coblentz. Mais il desirait qu'on fit tout derriere
lui pour avoir l'h
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