'il etait vrai que le renversement de tous les trones
dut etre la suite prochaine du succes de nos armees et du volcan
revolutionnaire; s'il etait vrai que les vertus republicaines vengeassent
enfin le monde de tous les crimes couronnes; que chaque region, devenue
libre, forme alors un gouvernement conforme a l'etendue plus ou moins
grande que la nature lui aura fixee, et que de toutes ces conventions
nationales, un certain nombre de deputes extraordinaires forment au centre
du globe une convention universelle, qui veille sans cesse au maintien des
droits de l'homme, a la liberte generale du commerce et a la paix du genre
humain!...[1]"
[Note 1: Discours de Milhaud, depute du Cantal, prononce aux Jacobins en
novembre 1792.]
Dans ce moment, la convention apprenant les vexations commises par le duc
de Deux-Ponts contre quelques sujets de sa dependance, rendit, dans un
elan d'enthousiasme, le decret suivant:
"La convention nationale declare qu'elle accordera secours et fraternite a
tous les peuples qui voudront recouvrer leur liberte, et elle charge le
pouvoir executif de donner des ordres aux generaux des armees francaises,
pour secourir les citoyens qui auraient ete ou qui seraient vexes pour la
cause de la liberte.
"La convention nationale ordonne aux generaux des armees francaises, de
faire imprimer et afficher le present decret dans tous les lieux ou ils
porteront les armes de la republique.
"Paris, le 19 novembre 1792."
CHAPITRE IV.
ETAT DES PARTIS AU MOMENT DU PROCES DE LOUIS XVI.--CARACTERE ET OPINIONS
DES MEMBRES DU MINISTERE A CETTE EPOQUE, ROLAND, PACHE, LEBRUN, GABAT,
MONGE ET CLAVIERE.--DETAILS SUR LA VIE INTERIEURE DE LA FAMILLE ROYALE
DANS LA TOUR DU TEMPLE.--COMMENCEMENT DE LA DISCUSSION SUR LA MISE EN
JUGEMENT DE LOUIS XVI; RESUME DES DEBATS; OPINION DE SAINT-JUST.--ETAT
FACHEUX DES SUBSISTANCES; DETAILS ET QUESTIONS D'ECONOMIE POLITIQUE.
--DISCOURS DE ROBESPIERRE SUR LE JUGEMENT DU ROI.--LA CONVENTION DECRETE
QUE LE ROI SERA JUGE PAR ELLE.--PAPIERS TROUVES DANS L'_armoire de fer_.
--PREMIER INTERROGATOIRE DE LOUIS XVI A LA CONVENTION.--CHOC DES OPINIONS
ET DES INTERETS PENDANT LE PROCES; INQUIETUDE DES JACOBINS.--POSITION DU
DUC D'ORLEANS; ON PROPOSE SON BANNISSEMENT.
Le proces de Louis XVI allait enfin commencer, et les partis s'attendaient
ici pour mesurer leurs forces, pour decouvrir leurs intentions, et se
juger definitivement. On observait surtout les girondins, pour surpre
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