chose d'inaccessible, qu'aucune penalite ne peut atteindre.
Condamnee a n'agir que par des ministres qui repondent de ses actions, la
royaute n'est accessible que dans ses agens, et on a ainsi un point pour
la frapper sans l'ebranler. Telle est la monarchie feodale, successivement
modifiee par le temps, et conciliee avec le degre de liberte auquel sont
parvenus les peuples modernes.
Cependant l'assemblee constituante avait ete portee a mettre une
restriction a cette inviolabilite royale. La fuite a Varennes, les
entreprises des emigres, l'amenerent enfin a penser que la responsabilite
ministerielle ne garantirait pas une nation de toutes les fautes de la
royaute. Elle avait en consequence prevu le cas ou un monarque se mettrait
a la tete d'une armee ennemie, pour attaquer la constitution de l'etat, ou
bien ne s'opposerait pas, par un _acte formel_, a une entreprise de cette
nature faite en son nom. Dans ce cas, elle avait declare le monarque non
point justiciable des lois ordinaires contre la felonie, mais dechu; il
etait _cense avoir abdique la royaute_. Tel est le langage textuel de la
loi qu'elle avait rendue. La proposition d'accepter la constitution, faite
par elle au roi, et l'acceptation de la part du roi, avaient rendu le
contrat irrevocable, et l'assemblee avait pris le solennel engagement de
tenir comme sacree la personne des monarques.
C'est en presence d'un engagement pareil que se trouvait la convention, en
decidant du sort de Louis XVI. Mais ces nouveaux constituans, reunis sous
le nom de conventionnels, ne se pretendaient pas plus engages par les
institutions de leurs predecesseurs, que ceux-ci ne s'etaient crus engages
par les vieilles institutions de la feodalite. Les esprits avaient subi un
entrainement si rapide, que les lois de 1791 paraissaient aussi absurdes a
la generation de 1792, que celles du XIIIe siecle l'avaient paru a la
generation de 1789. Les conventionnels ne se croyaient donc pas lies par
une loi qu'ils jugeaient absurde, et se declaraient en insurrection contre
elle, comme les etats-generaux contre celle des trois ordres.
On vit donc, des l'ouverture de la discussion, le 13 novembre, se
prononcer deux systemes opposes: les uns soutenaient l'inviolabilite, les
autres la rejetaient absolument. Les idees avaient tellement change,
qu'aucun membre de la convention n'osait defendre l'inviolabilite comme
bonne en elle-meme, et ceux meme qui etaient pour elle ne la defendaient
que comme d
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