cusation avait ete dirigee contre lui, pour
avoir compromis, disait-on, la dignite de la France, en laissant inserer
dans le projet de convention un article par lequel nos troupes devaient
s'eloigner, et surtout en executant cet article du projet. Un decret fut
lance contre lui, et il se refugia dans Geneve; Mais son ouvrage etait
garanti par sa moderation, et tandis qu'on le mettait en accusation, on
transigeait avec Geneve d'apres les bases qu'il avait fixees. Les troupes
bernoises se retiraient, les troupes francaises se cantonnaient sur les
limites convenues, la precieuse neutralite suisse etait assuree a la
France, et l'un de ses flancs etait garanti pour plusieurs annees. Cet
important service avait ete meconnu, grace aux inspirations de Claviere,
et grace aussi a une susceptibilite de parvenus que nous devions a nos
victoires de la veille.
Dans le comte de Nice on avait glorieusement repris le poste de Sospello,
que les Piemontais nous avaient arrache pour un instant, et qu'ils avaient
perdu de nouveau apres un echec considerable. Ce succes etait du a
l'habilete du general Brunet. Nos flottes, qui dominaient dans la
Mediterranee, allaient a Genes, a Naples, ou regnaient des branches de la
maison de Bourbon, et enfin dans tous les etats d'Italie, faire
reconnaitre la nouvelle republique francaise. Apres une canonnade devant
Naples, on avait obtenu la reconnaissance de la republique, et nos flottes
revenaient fieres des aveux arraches par elles. Aux Pyrenees regnait une
parfaite immobilite, et Servan, faute de moyens, avait la plus grande
peine a recomposer l'armee d'observation. Malgre des depenses enormes de
cent quatre-vingts, de deux cents millions par mois, toutes les armees des
Pyrenees, des Alpes, de la Moselle, etaient dans la meme detresse, par la
desorganisation des services, et par la confusion qui regnait au ministere
de la guerre. Au milieu de cette misere, nous n'en avions pas moins
l'ivresse et l'orgueil de la victoire. Dans ce moment, les esprits exaltes
par Jemmapes, par la prise de Francfort, par l'occupation de la Savoie et
de Nice, par le subit retour de l'opinion europeenne en notre faveur,
crurent entendre s'ebranler les monarchies, et s'imaginerent un instant
que les peuples allaient renverser les trones et se former en republiques.
"Ah! s'il etait vrai," s'ecriait un membre des Jacobins, a propos de la
reunion de la Savoie a la France, "s'il etait vrai que le reveil des
peuples fut arrive; s
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