ts. Tallien, qui, lors
de la decouverte du complot de Baboeuf, avait hautement exprime son
adhesion au systeme du gouvernement, s'eleva avec aigreur contre la
police du directoire, et contre les defiances dont les patriotes etaient
l'objet. Son adversaire habituel, Thibaudeau, lui repondit, et, apres
une discussion assez vive et quelques recriminations, chacun se renferma
dans son humeur. Le ministre Cochon, ses agens, ses mouchards, etaient
surtout l'objet de la haine des patriotes, qui avaient ete les premiers
atteints par sa surveillance. La marche du gouvernement etait du reste
parfaitement tracee; et s'il etait tout a fait prononce contre les
royalistes, il etait tout aussi separe des patriotes, c'est-a-dire
de cette portion du parti revolutionnaire qui voulait revenir a une
republique plus democratique, et qui trouvait le regime actuel trop doux
pour les aristocrates. Mais, sauf l'etat des finances, cette situation
du directoire, detache de tous les partis, les contenant d'une main
forte, et s'appuyant sur d'admirables armees, etait assez rassurante et
assez belle.
Les patriotes avaient deja fait deux tentatives, et subi deux
repressions, depuis l'installation du directoire. Ils avaient voulu
recommencer le club des jacobins au Pantheon, et l'avaient vu fermer par
le gouvernement. Ils avaient ensuite essaye un complot mysterieux sous
la direction de Baboeuf; ils avaient ete decouverts par la police, et
prives de leurs nouveaux chefs. Ils s'agitaient cependant encore, et
songeaient a faire une derniere tentative. L'opposition, en attaquant
encore une fois la loi du 3 brumaire, excita chez eux un redoublement de
colere, et les poussa a un dernier eclat. Ils cherchaient a corrompre
la legion de police. Cette legion avait ete dissoute, et changee en un
regiment qui etait le 21e de dragons. Ils voulaient tenter la fidelite
de ce regiment, et ils esperaient, en l'entrainant, entrainer toute
l'annee de l'interieur, campee dans la plaine de Grenelle. Ils se
proposaient en meme temps d'exciter un mouvement, en tirant des coups
de fusil dans Paris, en jetant des cocardes blanches dans les rues, en
criant _Vive le Roi!_ et en faisant croire ainsi que les royalistes
s'armaient pour detruire la republique. Ils auraient alors profite de ce
pretexte, pour accourir en armes, s'emparer du gouvernement, et faire
declarer en leur faveur le camp de Grenelle.
Le 12 fructidor (29 aout), ils executerent une partie de leurs projets,
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