, les armees
d'Allemagne n'avaient pas pu encore se mettre en mouvement. La
difficulte d'organiser leurs magasins et de se procurer les chevaux les
avait jusqu'ici retenues dans l'inaction. De son cote, l'Autriche, qui
aurait eu le plus grand interet a prendre brusquement l'initiative,
avait mis une inconcevable lenteur a faire ses preparatifs, et ne
s'etait mise en mesure de commencer les hostilites que pour le milieu
de prairial (commencement de juin). Ses armees etaient sur un pied
formidable, et de beaucoup superieures aux notres. Mais nos succes en
Italie l'avaient obligee a detacher Wurmser avec trente mille hommes de
ses meilleures troupes du Rhin, pour aller recueillir et reorganiser les
debris de Beaulieu. Ainsi, outre ses conquetes, l'armee d'Italie rendait
l'important service de degager les armees d'Allemagne. Le conseil
aulique, qui avait resolu de prendre l'offensive, et de porter le
theatre de la guerre au sein de nos provinces, ne songea plus des lors
qu'a garder la defensive et a s'opposer a notre invasion. Il aurait
meme voulu laisser subsister l'armistice; mais il etait denonce, et les
hostilites devaient commencer le 12 prairial (31 mai).
Deja nous avons donne une idee du theatre de la guerre. Le Rhin et le
Danube sortis, l'un des grandes Alpes, l'autre des Alpes de Souabe,
apres s'etre rapproches dans les environs du lac de Constance, se
separent pour aller, le premier vers le nord, le second vers l'orient de
l'Europe. Deux vallees transversales et presque paralleles, celles du
Mein et du Necker, forment en quelque sorte deux debouches, pour aller,
a travers le massif des Alpes de Souabe, dans la vallee du Danube, ou
pour venir de la vallee du Danube dans celle du Rhin.
Ce theatre de guerre, et le plan d'operations qu'il comporte, n'etaient
point connus alors comme ils le sont aujourd'hui graces a de grands
exemples. Carnot, qui dirigeait nos plans, s'etait fait une theorie
d'apres la celebre campagne de 1794, qui lui avait valu tant de gloire
en Europe. A cette epoque, le centre de l'ennemi, retranche dans la
foret de Mormale, ne pouvant etre entame, on avait file sur ses ailes,
et en les debordant, on l'avait oblige a la retraite. Cet exemple
s'etait grave dans la memoire de Carnot. Doue d'un esprit novateur, mais
systematique, il avait imagine une theorie d'apres cette campagne, et il
etait persuade qu'il fallait toujours agir a la fois sur les deux ailes
d'une armee, et chercher constamment a
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