consacres. J'ai ete assez heureux dans
cette recherche pour me convaincre pleinement que le temple d'Elethya,
dedie a Sevek (Saturne) et a Sowan (Lucine), appartenait a diverses
epoques pharaoniques; ceux que la ville renfermait avaient ete
construits et decores sous le regne de la reine Amense, sous celui de
son fils Thouthmosis III (Moeris), et sous les Pharaons Amenophis-Memnon
et Rhamses le Grand. Les rois Amyrtee et Achoris, deux des derniers
princes de race egyptienne, avaient repare ces antiques edifices, et y
avaient ajoute quelques constructions nouvelles. Je n'ai rien trouve a
Elethya qui rappelle l'epoque grecque ou romaine. Le temple a
l'exterieur de la ville est du au regne de Moeris.
Les tombeaux ou hypogees creuses dans la chaine arabique voisine de la
ville, remontent pour la plupart a une antiquite reculee. Le premier que
nous avons visite est celui dont la Commission d'Egypte a publie les
bas-reliefs peints, relatifs aux travaux agricoles, a la peche et a la
navigation. Ce tombeau a ete creuse pour la famille d'un hierogrammate
nomme _Phape_, attache au college des pretres d'Elethya (Sowan-Kah).
J'ai fait dessiner plusieurs bas-reliefs inedits de ce tombeau, et j'ai
pris copie de toutes les legendes des scenes agricoles et autres,
publiees assez negligemment. Ce tombeau est d'une tres-haute antiquite.
Un second hypogee, celui d'un _grand-pretre de la deesse Ilithya_ ou
_Elethya_ (Sowan), la deesse eponyme de la ville de ce nom, porte la
date du regne de _Rhamses-Meiamoun_; il presente une foule de details
de famille et quelques scenes d'agriculture en tres-mauvais etat. J'y ai
remarque, entre autres faits, le foulage ou battage des gerbes de ble
par les boeufs, et au-dessus de la scene on lit, en hieroglyphes presque
tous phonetiques, la _chanson_ que le conducteur du foulage est cense
chanter, car dans la vieille Egypte, comme dans celle d'aujourd'hui,
tout se faisait en chantant, et chaque genre de travail a sa chanson
particuliere.
Voici celle du battage des grains, en cinq lignes, sorte d'allocution
adressee aux boeufs, et que j'ai retrouvee ensuite, avec de tres-legeres
variantes, dans des tombeaux bien plus antiques encore:
Battez pour vous (_bis_),--o boeufs,--Battez pour vous (_bis_),--Des
boisseaux pour vos maitres.
La poesie n'en est pas tres-brillante; probablement l'air faisait passer
la chanson; du reste, elle est convenable a la circonstance dans
laquelle on la chantait, et elle m
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