, en effet, etre fondee sur un fait reel, mais
a une epoque infiniment reculee.
J'ai couru, en bateau, les rochers de granit des environs de Syene, en
remontant vers la cataracte; j'y ai trouve l'hommage d'un prince
ethiopien a Amenophis III, et a la reine Taia sa femme; un acte
d'adoration a Chnouphis, le dieu local, pour le salut de Rhamses le
Grand, de ses filles _Isenofre, Bathianthi_, et de leurs freres
_Scha-hem-kame_ et _Merenphtah_; le prince ethiopien _Memosis_ (le meme
dont j'avais deja recueilli une inscription dans l'ile de Snem),
agenouille et adorant le prenom du roi Amenophis III; enfin plusieurs
proscynema de simples particuliers ou de fonctionnaires publics, aux
divinites de Syene et de la cataracte, Chnouphis, Sate et Anouke.
Je visitai pour la seconde fois l'ile d'_Elephantine_, qui, tout
entiere, formerait a peine un parc convenable pour un bon bourgeois de
Paris, mais dont certains chronologistes modernes ont voulu toutefois
faire un _royaume_, pour se debarrasser de la vieille dynastie
egyptienne des _Elephantins_. Les deux temples ont ete recemment
detruits, pour batir une caserne et des magasins a Syene; ainsi a
disparu le petit temple dedie a Chnouphis par le Pharaon Amenophis III.
Je n'ai retrouve debout que les deux montants des portes en granit ayant
appartenu a un autre temple de Chnouphis, de Sate et d'Anouke, dedie
sous Alexandre, fils d'Alexandre le Grand. Mais un mauvais mur de quai,
de construction romaine, m'a offert les debris, entremeles et mutiles,
de plusieurs des plus curieux edifices d'Elephantine, construits sous
les rois Moeris, Mandouei et Rhamses le Grand. Dans les restes d'une
chambre qui termine l'escalier du quai egyptien, j'ai copie plusieurs
proscynema hieroglyphiques assez curieux, et l'inscription d'une stele
mutilee du Pharaon Mandouei.
Etant alle rejoindre mon escadre, et n'ayant plus rien a voir ni a faire
sur l'ancienne _limite de l'empire romain_, je quittai les rochers
granitiques de Syene et d'Elephantine, et nous nous dirigeames sur
_Ombos_, ou le vent a jure de nous empecher d'arriver, puisque, au
moment ou j'ecris cette ligne, nous sommes au 12 fevrier; il est sept
heures du matin, et le Nil mugit a quatre pouces de distance du lit sur
lequel je suis assis.
Ombos, le 14 fevrier a deux heures.
Je suis enfin arrive avant-hier a _Ombos_, vers le milieu du jour. Nous
avons repris nos travaux du mois de decembre, et a cette heure-ci ils
sont termines.
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