u, parce
qu'il faudrait travailler en grand, et que mes moyens ne suffiraient
pas. Je tacherai cependant de donner un peu d'activite a mes fouilles
dans les mois de juin, juillet et aout, epoque a laquelle je serai fixe
sur les lieux, soit a Karnac, soit a Kourna. J'ai quarante hommes en
train, et je verrai si les produits compensent a peu pres les depenses,
et si mon budget pourra les supporter. J'ai aussi trente-six hommes qui
fouillent a Kourna de compte a demi avec Rosellini. Il est evident que
je ne puis songer a emporter ce qui manque justement au Musee royal, de
grosses pieces, parce que le transport seul jusqu'a Alexandrie
epuiserait mes finances et de beaucoup.
Cela dit, je reprends le fil de mon itineraire et la notice des
monuments depuis _Ombos_, d'ou est datee ma derniere lettre.
Partis d'_Ombos_ le 17 fevrier, nous n'arrivames, a cause de l'imperitie
du reis de notre grande barque et de la mollesse de nos rameurs, que le
18 au soir a _Ghebel-Selseleh_ (Silsilis), vastes carrieres ou je me
promettais une ample recolte. Mon espoir fut pleinement realise, et les
cinq jours que nous y avons passes ont ete bien employes.
Les deux rives du Nil, resserre par des montagnes d'un tres-beau gres,
ont ete exploitees par les anciens Egyptiens, et le voyageur est effraye
s'il considere, en parcourant les carrieres, l'immense quantite de
pierres qu'on a du en tirer pour produire les galeries a ciel ouvert et
les vastes espaces excaves qu'il se lasse de parcourir. C'est sur la
rive gauche qu'on trouve les monuments les plus remarquables.
On rencontre d'abord, en venant du cote de Syene, trois chapelles
taillees dans le roc et presque contigues. Toutes trois appartiennent a
la belle epoque pharaonique, et se ressemblent soit pour le plan et la
distribution, soit pour toute la decoration interieure et exterieure;
toutes s'ouvrent par deux colonnes formees de boutons de lotus tronques.
La premiere de ces chapelles (la plus au sud) a ete creusee dans le roc
sous le regne du Pharaon Ousirei de la XVIIIe dynastie; elle est
detruite en tres-grande partie. Deux bas-reliefs seuls sont encore
visibles, et ne presentent d'interet que sous le rapport du travail, qui
a toute la finesse et toute l'elegance de l'epoque.
La seconde chapelle date du regne suivant, celui de Rhamses II. Les
tableaux qui decorent les parois de droite et de gauche nous font
connaitre a quelle divinite ce petit edifice avait ete dedie par le
Pharao
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