ignait qu'une attaque sur les hauteurs de Fourvieres
ne reussit pas, et qu'un echec ne desorganisat l'armee, et n'obligeat a
lever le siege. "Ce qu'on peut faire, disait-il, de plus heureux pour des
assieges braves et desesperes, c'est de leur fournir l'occasion de se
sauver par un combat. Laissons-les perir par l'effet de quelques jours de
famine."
Couthon arrivait dans ce moment, 2 octobre, avec une nouvelle levee de
vingt-cinq mille paysans de l'Auvergne. "J'arrive, ecrivait-il, avec mes
rochers de l'Auvergne, et je vais les precipiter dans le faubourg de
Vaise." Il trouva Dubois-Crance au milieu d'une armee dont il etait le chef
absolu, ou il avait etabli les regles de la subordination militaire, et ou
il portait plus souvent son habit d'officier superieur que celui de
representant du peuple. Couthon fut irrite de voir un representant
remplacer l'egalite par la hierarchie militaire, et ne voulut pas surtout
entendre parler de guerre reguliere. "Je n'entends rien, dit-il, a la
tactique; j'arrive avec le peuple; sa sainte colere emportera tout. Il faut
inonder Lyon de nos masses, et l'emporter de vive force. D'ailleurs j'ai
promis conge a mes paysans pour lundi, et il faut qu'ils aillent faire
leurs vendanges." On etait alors au mardi. Dubois-Crance, homme de metier,
habitue aux troupes reglees, temoigna quelque mepris pour ces paysans
confusement amasses et mal armes; il proposa de choisir parmi eux les plus
jeunes, de les incorporer dans les bataillons deja organises, et de
renvoyer les autres. Couthon ne voulut ecouter aucun de ces conseils de
prudence, et fit decider sur-le-champ qu'on attaquerait Lyon de vive force
sur tous les points, avec les soixante mille hommes dont on disposait; car
telle etait maintenant la force de l'armee avec cette nouvelle levee. Il
ecrivit en meme temps au comite de salut public pour faire revoquer
Dubois-Crance. L'attaque fut resolue dans le conseil de guerre pour le 8
octobre.
La revocation de Dubois-Crance et de son collegue Gauthier arriva dans
l'intervalle. Les Lyonnais avaient une grande horreur de Dubois-Crance,
que depuis deux mois ils voyaient acharne contre leur ville, et ils
disaient qu'ils ne voulaient pas se rendre a lui. Le 7, Couthon leur fit
une derniere sommation, et leur ecrivit que c'etait lui, Couthon, et les
representans Maignet et Laporte que la convention chargeait de la poursuite
du siege. Le feu fut suspendu jusqu'a quatre heures du soir, et recommenca
alor
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