ien pour tirer le plus grand parti de
la prise de Lyon. Cet evenement, en effet, etait de la plus haute
importance. Il delivrait l'est de la France des derniers restes de
l'insurrection, et otait toute esperance aux emigres intrigant en Suisse,
et aux Piemontais qui ne pouvaient compter a l'avenir sur aucune diversion.
Il comprimait le Jura, assurait les derrieres de l'armee du Rhin,
permettait de porter devant Toulon et les Pyrenees des secours en hommes et
en materiel devenus indispensables; il intimidait enfin toutes les villes
qui avaient eu du penchant a s'insurger, et assurait leur soumission
definitive.
C'est au nord que le comite voulait deployer le plus d'energie, et qu'il
faisait aux generaux et aux soldats un devoir d'en montrer davantage.
Tandis que Custine venait de porter sa tete sur l'echafaud, Houchard, pour
n'avoir pas fait a Dunkerque tout ce qu'il aurait pu, etait envoye au
tribunal revolutionnaire. Les derniers reproches adresses au comite, en
septembre dernier, l'avaient oblige de renouveler tous les etats-majors. Il
venait de les recomposer entierement, et d'elever aux plus hauts grades de
simples officiers. Houchard, colonel au commencement de la campagne, et,
avant qu'elle fut finie, devenu general en chef, et maintenant accuse
devant le tribunal revolutionnaire; Hoche, simple officier au siege de
Dunkerque, et promu aujourd'hui au commandement de l'armee de la Moselle;
Jourdan, chef de bataillon, puis commandant au centre le jour
d'Hondschoote, et enfin nomme general en chef de l'armee du Nord, etaient
de frappans exemples des vicissitudes de la fortune dans ces armees
republicaines. Ces promotions subites empechaient que soldats, officiers,
et generaux, eussent le temps de se connaitre et de s'accorder de la
confiance; mais elles donnaient une idee terrible de cette volonte qui
frappait ainsi sur toutes les existences, non pas seulement dans le cas
d'une trahison prouvee, mais seulement pour un soupcon, pour une
insuffisance de zele, pour une demi-victoire; et il en resultait un
devouement absolu de la part des armees, et des esperances sans bornes chez
les genies assez hardis pour braver les dangereuses chances du generalat.
C'est a cette epoque qu'il faut rapporter les premiers progres de l'art de
la guerre. Sans doute, les principes de cet art avaient ete connus et
pratiques de tous les temps par les capitaines qui joignaient l'audace
d'esprit a l'audace de caractere. Tout recemment encore
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